Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
4 octobre 2015 7 04 /10 /octobre /2015 11:50

Le vieux carnute est de retour à Paris après une longue absence. Pendant les grandes chaleurs de juillet, il a beaucoup souffert mais a su se protéger. Il a repris depuis quelques jours ses marques sur sa colline de Lutèce. La ville est toujours mal entretenue et les cyclistes qui sont les privilégiés de la municipalité se moquent des piétons. IIs circulent n'importe où, sur le trottoirs, dans les sens interdits et dans les couloirs des bus, ralentissant leur circulation. Enfin, qui peut changer le nouvel ordre de la société parisienne? Le vieux carnute s'est remis au travail et rédige son livre "L'alchimie. Histoire et actualité" qui sera publié début 2016. il souhaite à ses amis lecteur un bel automne.

Partager cet article
Repost0
25 septembre 2015 5 25 /09 /septembre /2015 14:33

Ceux qui gouvernent l'Europe et nous-mêmes nous sommes devenus aveugles.

selon Brueghel l'Ancien

selon Brueghel l'Ancien

Partager cet article
Repost0
22 septembre 2015 2 22 /09 /septembre /2015 18:01

L'argumentaire de l'Oeuvre au rouge

L'oeuvre au rouge - Argumentaire
Partager cet article
Repost0
17 septembre 2015 4 17 /09 /septembre /2015 16:55

Voir et recommander ma vitrine du site edifice.net

Ma vitrine du site edifice.net
Partager cet article
Repost0
3 août 2015 1 03 /08 /août /2015 15:49

Le Vieux Carnute soutient Ludovic et son défi. 41 jours de vélo sur les routes du vendômois :Meslay, Arènes, la Grapperie, etc... . Encore 9 jours. Bravo Ludovic.

Partager cet article
Repost0
3 juillet 2015 5 03 /07 /juillet /2015 14:12

La canicule qui nous étreint ne doit pas bloquer notre cerveau.

En ce début d'été, le Vieux Carnute propose une présentation de Michel Dumesnil de Gramont, un Grand Maître de la Grande Loge de France :

~~ Michel DUMESNIL DE GRAMONT (1893-1953)

Michel Dumesnil de Gramont occupa la charge de Grand Maître de la Grande Loge de France lors des années 1934-1935, 1938-1940, 1945-1948 et 1950-1952, au cours desquelles la franc-maçonnerie fut menacée, puis dissoute et enfin dut se reconstruire. Les actions qu’il mena pendant ces périodes furent exemplaires et le désignent comme l’un des plus éminents francs-maçons du 20ème siècle. Né en 1893 dans une famille de la bourgeoisie cultivée, Michel Dumesnil de Gramont sut mener, avec talent, parallèlement, des activités littéraires et des fonctions d’administration et de gestion. Ainsi, en 1940, il assurait la direction administrative du service de la Recherche scientifique et des Inventions. Puis, après la Libération il prit la direction générale de la Compagnie d’assurances « L’Urbaine Capitalisation ». Dans le domaine des lettres qu’il affectionnait particulièrement, il composa plusieurs essais et ouvrages historiques, notamment une histoire de la littérature russe et un essai sur Marx et le marxisme. Mais il se fit surtout un nom comme traducteur des principaux écrivains modernes russes : Ivan Bounine, Maxime Gorki, Dimitri de Mérejkowsky et Alexis Tolstoï. Grâce à se parfaite connaissance de la langue et des traditions russes, il sut mettre à la portée des lecteurs français une vingtaine des œuvres de ces écrivains qui sont alors recherchées par un public avide de faire connaissance avec la nouvelle littérature russe. Michel Dumesnil de Gramont est admis comme apprenti dans la loge « COSMOS », le 16 février 1919. Il a alors 26 ans. Il est promu compagnon, le 13 septembre 1920, puis accède au grade de maître le 18 janvier 1921. Cette même année, il participe au réveil de la loge « LE PORTIQUE » dont il ne reste que quelques anciens, la majorité des frères de cette loge ayant péri au cours de la Grande Guerre. En 1923, il devient le Vénérable de cette loge et il en sera le député à différentes reprises. L’universalité de sa culture, son intérêt pour les questions sociales et son sens de la mesure ainsi que sa grande amabilité sont appréciés d’emblée par ses frères et sa disponibilité pour servir l’ordre maçonnique et pour apporter aide et secours à tous ceux qui se trouvent en difficulté incite ses pairs à le désigner pour les plus hautes fonctions. Il est remarqué par les Grands Maîtres, Gustave Mesureur et Lucien Le Foyer, qui l’encouragent à prendre des responsabilités au sein de l’obédience. Il est élu pour un premier mandat de Conseiller fédéral de la Grande Loge de France en septembre 1923 et il sera constamment réélu jusque dans les années 1950. Il devient Grand Orateur en septembre 1931 puis Grand Maître adjoint en 1933. Louis Doignon est alors Grand Maître. Michel Dumesnil de Gramont lui succède en septembre 1934. Cette première charge de Grand Maître qui durera un an tombe à un bien néfaste moment de notre histoire nationale. Des ligues, associations et groupements qui se qualifient de patriotiques mettent en cause la République ainsi que nos institutions démocratiques et parlementaires et créent une agitation permanente dans la rue. Au début du mois de février 1934, elles ont tenté de prendre d’assaut la Chambre des Députés et furent à un doigt de réussir ce coup de force, heureusement contré par les défenseurs de la République, autorités et forces publiques, partis politiques et syndicats. Dans le même temps, les porte voix de ces groupes anti-républicains entretiennent et développent de violentes et haineuses campagnes anti-maçonniques. La défense de la République et celle de la franc-maçonnerie se confondent et les francs-maçons doivent resserrer leurs rangs et se protéger. Des listes de maçons sont publiés et c’est au sein même des obédiences que ces listes sont établis par des frères indélicats et indiscrets. Le Convent de 1934 vote une adresse demandant au Grand Maître de faire cause commune avec le Grand Orient de France dans la lutte contre les ligues factieuses, lequel est déjà engagé aux côtés des forces républicaines et parlementaires. Michel Dumesnil de Gramont n’a aucune hésitation pour collaborer avec le Grand Orient de France afin de lutter contre les attaques dont sont l’objet la République et les ordres maçonniques. Par ailleurs, il demande aux loges d’être plus vigilantes lorsqu’elles reçoivent des postulants et les interrogent sur leurs motivations et leurs engagements sociaux et politiques. Il entreprend parallèlement de faire exclure des loges ceux qui, par leurs comportements, leurs paroles et leurs écrits, se révèlent n’être venus dans les loges que pour les infiltrer. Pendant que la France vit dans l’agitation permanente avec des gouvernements affaiblis et sous l’emprise d’un pacifisme naïf, Hitler, Chancelier du Reich allemand, s’attache à mettre les forces économiques et militaires de l ‘Allemagne en état de marche. Dumesnil de Gramont est conscient qu’une crise se prépare mais que peut-il faire ? En septembre 1935, il descend normalement de charge et c’est à nouveau Louis Doignon auquel il avait lui-même succédé qui devient Grand-Maître. Louis Doignon n’a pas la même vision des choses que Michel Dumesnil de Gramont et il ne collabore pas aussi facilement avec le Grand Orient. En septembre 1938, Michel Dumesnil de Gramont est à nouveau porté à la charge suprême de l’obédience. Il y restera de facto jusqu’en 1945. Depuis 1935, la situation politique en Europe n’a fait qu’empirer. En mars 1938, Hitler a fait envahir l’Autriche l’a annexée pour constituer le Grand Reich allemand. Désormais, les évènements s’accélèrent. Peu après le convent, Hitler envahit le territoire des Sudètes qui fait partie de la République de Tchécoslovaquie et déclenche une crise. Le gouvernement de Paris décide le rappel des réservistes. Puis, le Premier ministre anglais, Chamberlain et le Président du Conseil français, Daladier, se rendent à Munich où ils signent avec Hitler des accords, par lesquels ils reconnaissent la souveraineté de l’Allemagne sur le territoire des Sudètes. Cet accord ratifié par la Chambre des Députés et par le Sénat divisent la société française et les francs-maçons. Il y a ceux qui continuent à penser qu’il faut maintenir la paix à tout prix et ceux qui pensent qu’il ne faut pas céder devant les exigences expansionnistes d’Hitler. Le 30 octobre, le Gouvernement de Front Populaire, constitué eu juin 1936 par une alliance des communistes, des socialistes et des radicaux, est dissout, Daladier excluant les communistes qui ont refusé de voter les accords de Munich. Dans la nuit du 9 au 10 novembre, les membres de groupes armés nazis conduisent un gigantesque pogrom anti-juif ; ils pillent et incendient les synagogues mettent à sac dans toute l’Allemagne les magasins juifs. On dénombrera plus de 100 victimes. Cette Nuit de Cristal montrant le vrai visage du régime que Hitler veut instaurer en Allemagne et étendre en Europe, fondée sur la haine, le racisme et la force, il est des français qui prennent conscience de la situation et perçoivent que nous ne pourrons éviter une guerre et que cette guerre sera une guerre idéologique, la défense des valeurs démocratiques fondamentales dont le régime nazi fait fi. Michel Dumesnil de Gramont est de ceux là, mais nombreux sont ceux qui, portés par leur hantise de voir un régime communiste exporté par les bolcheviques en France, voient dans Hitler une protection face à l’U.R.S.S. De nombreux frères démissionnent. La société française est complètement déboussolée. Dumesnil de Grammont tient la barre contre vents et marées. Les efforts déployés pour éviter une nouvelle guerre s’avèrent vains. Hitler, qui a mis au point une stratégie que le peuple et les militaires allemands approuvent, est décidé à aller toujours plus loin dans son délire expansionniste. Pour conjurer le sort du désastre qu’ils pressentent, Arthur Groussier, Grand Maître du Grand Orient de France et Michel Dumesnil de Grammont, l’un et l’autre animés d’une foi pacifique lucide, écrivent à Franklin Roosevelt, Président des Etats-Unis, pour lui demander de réunir une conférence internationale afin de mettre tout le poids de la puissance américaine au service de la paix et d’arrêter les visées hégémoniques du Reich allemand. Leur lettre demeure sans réponse, car l’économie américaine n’est toujours pas relevée des effets de la grande crise de 1929 et les Etats-Unis ne sont pas prêts pour un affrontement avec les Etats totalitaires. Roosevelt, très conscient de la situation, n’a alors qu’un seul objectif, reconstituer des bases économiques dynamiques. Les dés sont désormais lancés et les évènements s’enchaînent conduisant à l’affrontement armé. En février 1939, l’Espagne, après 3 années de guerres intérieures, tombe sous le joug de la dictature fasciste de Franco. 900.000 républicains espagnols se réfugient en France et Michel Dumesnil de Gramont invite les loges à accueillir et à aider les frères espagnols. Le 15 mars, Hitler fait occuper le Tchécoslovaquie tandis que Mussolini, son allié italien, annexe l’Albanie. Le 23 août, l’Allemagne et L’U.R.S.S. signent un accord dont l’une des clauses et le partage entre ces deux puissances de la Pologne. Le 2 septembre, les Allemands pénètrent en Pologne et le 3, conformément à leurs engagements, la France et le Royaume-Uni déclarent la guerre à l’Allemagne. C’est une bien triste saint Jean d’Hiver que préside Michel Dumesnil de Gramont en décembre. Les frères ayant l’âge de porter les armes sont au Front et le Grand Maître ne peut que souhaiter qu’ils reviennent bientôt et que le monde apaisé retrouve des aurores paisibles. En cette fin d’année et jusqu’au printemps 1940, le Front est stabilisé sur la ligne de défense établie à notre frontière avec l’Allemagne, la ligne Maginot. Mais en mai, les troupes allemandes envahissent les Pays-Bas et la Belgique et déferlent sur la France. Le 14 juin, les Allemands entrent dans Paris. Le 16 juin, le Maréchal Pétain prend la tête du Gouvernement. Le général de Gaulle qui appartenait au précédent gouvernement, se réfugie à Londres et dans une déclaration solennelle diffusé par la BBC le 18 juin, il convie les Français à ne pas accepter la capitulation et à continuer la lutte aux côtés de nos alliés, les Anglais. Le 22 juin, Pétain signe l’armistice. Le 10 juillet, le Parlement lui accorde les pleins pouvoirs et accepte de se dissoudre. Le maréchal Pétain établit l’Etat Français, un régime d’exception orienté vers la collaboration avec les Allemands et ayant pour objectif le redressement national. Les attaques, les agressions et les accusations contre la franc-maçonnerie et contre les francs-maçons vont alors se multiplier. Le nouveau pouvoir affiche et met en action une politique répressive à l’encontre de la franc-maçonnerie et des francs-maçons. Il organise, avec l’accord et l’aide de l’occupant, envers eux une chasse aux sorcières. Le 7 août, le Grand Maître Arthur Groussier annonce la dissolution volontaire du Grand Orient de France. Michel Dumesnil de Gramont se refuse de prendre une telle décision. Le 14 août, une loi proclame l’interdiction des sociétés secrètes et un décret du 19 août prononce la dissolution des associations maçonniques et fixe la dévolution des biens leur appartenant. Les locaux de la Grande Loge de France sont occupés et interdits à tout public. Des listes de francs-maçons sont par la suite publiées au Journal Officiel de l’Etat Français. Les fonctionnaires maçons connus sont mis en disponibilité et les militaires placés hors cadre. Michel Dumesnil de Grammont fait partie des exclus de toute fonction. Il décide de quitter Paris et s’installe à Villefranche sur Rouergue, en zone dite libre. Il rejoint alors le mouvement de résistance « Libération-Sud » qu’Emmanuel d’Astier de la Vigerie vient de fonder. Ce mouvement intègre en mai 1943 le Conseil National de la Résistance constitué sous l’autorité de Jean Moulin et c’est au titre de ce Conseil que Michel Dumesnil de Gramont est appelé à siéger à l’Assemblée Consultative Provisoire constituée auprès du Gouvernement de la France Libre présidé par le général de Gaulle. Michel Dumesnil de Grammont rejoint en septembre 1943, par avion, Londres. Puis en octobre, il arrive à Alger où les autorités de la France Libre sont désormais installées. Sa qualité de Grand Maître de la Grande Loge de France est connue du Général de Gaulle qui depuis les premiers jours de son combat apprécie l’engagement, le dévouement et le sacrifice des frères qui l’ont rejoint pour poursuivre la lutte aux côtés de l’Angleterre, puis de l’U.R.S.S. et des Etats-Unis après l’entrée en guerre, en 1941, de ces deux puissants Etats. Dumesnil de Gramont saura servir à bon escient les causes du général qui pendant ces années de guerre étaient aussi celles de la République. De Gaulle appréciant ses qualités de fin négociateur et sachant utiliser son image reconnu de franc-maçon lui confie à plusieurs reprises des missions délicates. C’est ainsi qu’en décembre 1943, Dumesnil de Gramont rencontre Roosevelt qui séjourne au Maroc et obtient qu’il reconnaisse de Gaulle comme Président du Gouvernement de la France, ce qu’il refusait jusqu’alors de faire, ayant conservé des liens avec le gouvernement de Pétain. Son influence au sein de l’Assemblée Consultative est certaine et il soutient les entreprises de réforme que de Gaulle réalise : le droit de vote donné aux femmes, les nationalisations de la production et de la distribution du charbon, du gaz et de l’électricité, les nationalisations des principales banques et des entreprises stratégiques, l’institution des comités d’entreprise, la levée d’un impôt de solidarité. Après la séparation de l’Assemblée Consultative, Dumesnil de Gramont ne s’engage pas dans une carrière politique. Michel Dumesnil de Gramont n’a pas oublié l’affront fait à la franc- maçonnerie par les autorités de l’Etat français et dès son arrivée à Alger, en octobre 1943, il n’a de cesse que de faire prendre une ordonnance abrogeant la loi scélérate de1940 et rétablissant les organisations maçonniques dans tous leurs droits d’être et d’agir. De nombreux frères siègent à l’Assemblée Consultative et tous ne manquent pas d’espérer que l’activité des loges redeviennent officielles car même en Afrique du Nord libérée par les Alliés la loi d’interdiction demeure valide. Le général de Gaulle, lui-même, ne voit pas la nécessité de rétablir la franc-maçonnerie par la promulgation d’une ordonnance. Interrogé devant l’Assemblée Consultative, il déclare : « Nous n’avons jamais reconnu les lois d’exception de Vichy, en conséquence la Franc-Maçonnerie n’a jamais cessé d’exister ». Pour Michel de Gramont, il n’est pas question d’en rester là. Il intervient auprès du général de Gaulle pour que soit proclamé par une ordonnance le rétablissement de la Franc-Maçonnerie dans tous ses droits. Il obtient aussi, ce qui lui tenait à cœur profondément, que les obédiences maçonniques ne soient plus qualifiées de Sociétés secrètes. De Gaulle lui fait communiquer le projet d’ordonnance avant sa signature et il constate avec joie que les termes « Sociétés secrètes » sont remplacées par ceux de « Associations dites secrètes ». L’ordonnance redonnant officiellement force et vigueur aux loges est promulguée le 15 décembre 1943. Une page sinistre de notre histoire est tournée, il reste à reconstruire la franc-maçonnerie en France. Dumesnil s’y consacrera dès la libération du territoire national en 1944. Les loges se reconstituent difficilement. Il y a beaucoup d’absents tant au Grand Orient qu’à la Grande Loge. Les frères qui se retrouvent en loge recensent les frères déportés, morts, disparus et prisonniers, ainsi que ceux qui ont failli. Une tenue de Grande Loge a lieu en avril 1945, rue Puteaux, dans les locaux rendus à l’Obédience. Il est envisagé la création d’une obédience commune au Grand Orient et à la Grande Loge de France. Michel Dumesnil de Gramont milite en ce sens. Mais les frères ne purent se mettre d’accord et le projet est abandonné. Le 17 septembre 1945 s’ouvre le premier Convent d’après la guerre. Michel Dumesnil de Gramont est réélu Grand-Maître. Parmi les décisions qu’il fait voter par ce Convent figure la suppression des loges féminines d’adoption et le principe de l’aide aux Sœurs pour constituer une obédience. Il fait devant le Convent la déclaration suivante : « Aujourd’hui, l’émancipation des femmes est, dans le domaine politique, pleinement réalisée. C’eût été un paradoxe blessant que de voir la Maçonnerie tout entière tournée vers le progrès, demeurer le dernier refuge de la conception surannée qui visait à maintenir la femme dans un état humiliant de minorité. Aussi, lorsque nos Sœurs manifestèrent l’intention bien naturelle de reconstituer leurs Ateliers, nous n’eûmes aucune peine à tomber d’accord avec elles pour mettre un terme à une formule périmée et pour en arriver enfin à ce qui devait être l’aboutissement logique de l’effort poursuiv depuis plus de quarante ans dans nos loges d’adoption, c’est-à-dire la création en France d’une maçonnerie féminine autonome ». Lors du Convent de septembre 1948, Michel Dumesnil de Gramont cède le premier maillet à Georges Chadirat. Il est réélu Conseiller fédéral en septembre 1949 et occupe l’office de Grand Chancelier qu’il a fait créer lors du Convent de 1945. Il est à nouveau élu Grand Maître en septembre 1950 et réélu en septembre 1951 Il quitte définitivement la charge en septembre 1952. Parmi les décisions qu’il fait prendre pendant sa mandature, il n’est pas inutile de rappeler celle qui donne la faculté aux loges d’Algérie de placer le Coran sur l’autel des serments. Il ne manque pas de rappeler à chaque occasion notre espérance que se réalise une société universelle d’hommes et de femmes libres. Michel Dumesnil de Gramont fait sa dernière conférence publique à Alger, le 10 avril 1952. Il prononce à cette occasion ces paroles que tout franc-maçon, aujourd’hui, peut prendre à son compte : « Nous ne nous faisons d’ailleurs aucune illusion. Nous savons fort bien que, si les circonstances ramenaient dans notre pays un gouvernement autoritaire, fondé comme tous les régimes de ce genre sur l’asservissement des esprits, nous subirions les mêmes persécutions et les même sévices. Ai-je besoin d’ajouter que cela ne nous effraie et ne nous décourage aucunement. Nous gardons présente à la mémoire la pensée que formulait un Franc-maçon entre tous illustre, notre frère Goethe, lorsqu’il disait, : « Celui-là seul mérite la Liberté et la Vie, qui chaque jour, travaille à la conquérir ». Notre frère Michel Dumesnil de Gramont franchit la ligne invisible qui conduit à l’Orient Eternel, le 4 février 1953. De sa retraite de Colombey les Deux Eglises, le Premier Français Libre ne manqua pas de manifester la grande estime qu’il portait à cet homme de qualité dont il avait pu apprécier la sagesse et d’exprimer la profonde peine qu’il ressentait depuis l’annone de sa mort. Michel Dumesnil de Gramont fut un franc-maçon exceptionnel qui a grandement œuvré pour le progrès de l’humanité au nom de la franc maçonnerie universelle et à la Gloire du Grand Architecte de l’Univers

Partager cet article
Repost0
26 juin 2015 5 26 /06 /juin /2015 15:09

Le Vieux Carnute commence la rédaction d'un livre qui sera publié en 2016 intitulé : L'alchimie - Histoire et actualité.

En voici les premières pages :

~~ Guy PIAU L’ALCHIMIE Histoire et Actualité INTRODUCTION Alchimie, un mot magique pour certains, un mot mystérieux pour d’autres, dont le sens n’est pas connu de la plupart des personnes, même les plus cultivées. Il est souvent utilisé à tort et travers pour désigner une situation ou un acte que l’on trouve complexe, étrange ou inattendu. Il est ainsi couramment parlé de l’alchimie de l’amour quand deux personnes s’éprennent en même temps l’une de l’autre. En cela, il subit le même sort que le mot cabale ou kabbale qui désigne historiquement une doctrine ésotérique de la tradition juive et qui est dans le langage courant utilisé pour nommer une opposition active et organisée à l’encontre d’une personne ou d’un projet. Ainsi, on peut entendre ou lire dans les médias qu’un certain personnage politique a dû abandonner son poste, victime d’une cabale orchestrée par ses adversaires. Dans le langage courant, l’adjectif hermétique est employé pour qualifier un propos ou une idée que l’on ne comprend pas, voire la fermeture étanche .d’un objet. Nous ne pouvons considérer que cet emploi soit étrange ou abusif, car il est fondé sur l’idée que l’hermétisme est une doctrine qui privilégie le secret et la fermeture. Mais, au-delà de cet usage, que représente l’hermétisme pour nos contemporains ? Que savent-ils de l’origine de ce nom ? Assez généralement, ils l’associent à celui de secret et ne cherchent pas à en savoir davantage. La méconnaissance du vrai sens des mots alchimie et hermétisme est le petit arbre qui cache la forêt de l’ignorance que nos contemporains ont de l’alchimie, manifestation de la pensée gnostique hermétique et philosophie de la sagesse et de l’amour. Et, ce constat nous semble justifier notre projet d’écrire cette « Histoire et actualité de l’alchimie », bien que de nombreux ouvrages aient été consacrés à des études sur la doctrine, voire l’art ou la science que l’alchimie semble être. Mais la plupart de leurs auteurs, tous très savants, sont peu accessibles à un large public et rendent souvent encore plus obscure cette doctrine traditionnelle qu’elle parait à ceux qui n’en ont qu’une infime connaissance. Si nous voulons comprendre comment l’alchimie est ressentie par nos contemporains, la lecture des ouvrages publiés depuis la fin du 17ème siècle et plus spécialement les dernières décennies, nous permet d’observer une abondance de thèses présentées sur la signification de l’alchimie et de jugements portés sur sa finalité, son objet, ses pratiques et son rayonnement. Des auteurs qui se présentent comme des alchimistes et ils le sont vraisemblablement, dévoilent, sous le sceau du secret, c’est-à-dire sans donner de recettes ni d’explications, les travaux d’alchimie pratique qu’ils ont réalisés ou à la réalisation desquels ils ont assisté, à savoir des transmutations métalliques. Pour ceux-là, la voie des transmutations est la seule voie de l’alchimie. D’autres, tout autant alchimistes pratiquants, qualifient l’alchimie de chimie et de pharmacopée dont l’objet est d’inventer et de produire des acides, des alcools, des éthers et des potions médicales. Ce que depuis Lavoisier, les scientifiques modernes contestent. Faisant preuve d’une certaine sagesse, un grand nombre de commentateurs associent, dans les ouvrages qu’ils publient, une pratique opératoire sur la matière à une recherche philosophique et une quête spirituelle, pour donner un sens à l’alchimie. A l’opposé de ceux-là, d’autres alchimistes, écartant de leur préoccupation et de leur analyse, tout ce qui concerne les travaux de laboratoire, ne se lassent pas de proclamer que l’alchimie, n’est pas autre chose, depuis les premiers siècles de notre ère, n’est que l’une des formes d’expression de la philosophie hermétique. Enfin, l’alchimie est très souvent qualifiée d’occultisme, une doctrine échappant à la raison. Dès lors, ces adeptes sont assimilés à des illuminés, selon le sens commun donné à ce terme. Certains auteurs vont même jusqu’à voir en eux des imposteurs. Cette grande variété d’appréciations portées sur l’alchimie ne contribue pas à la rendre claire et accessible, d’autant que beaucoup de ses adeptes se sont évertués depuis toujours à en obscurcir le sens et le contenu. Essayer de rendre l’alchimie compréhensible et fréquentable, en dépassant tous les clichés dont elle est l’objet, tel est le but que nous nous sommes fixé en mettant en chantier cet ouvrage. Il est évident que si nous ne réussissions pas à bien rendre visible le sens et les fondements de l’alchimie, notre livre serait un livre de plus parmi le grand chaos des livres traitant de cette science traditionnelle. Mais la seule préoccupation d’afficher le sens de l’alchimie, ne saurait justifier l’écriture de ce livre, une autre ambition nous anime, celle de porter un message auprès de tous ceux qui s’interrogent sur l’avenir de notre société humaine. La société occidentale est en crise. Nous le ressentons et en recevons les échos quotidiennement. Si cela est dit, écrit, répété et ressenti, c’est bien que notre société est en crise, qu’elle met en doute les valeurs proclamées qui la fondent, mais aussi qu’elle est en attente d’un nouvel ordre de vie. Ce n’est pas la première crise que l’humanité subit au cours de sa longue et douloureuse destinée. Elle en a connu de nombreuses d’origines diverses, spirituelles, idéologiques, scientifiques, techniques, économiques ou sociales. Aujourd’hui quelle crise subit notre société qui enlève toute espérance au plus grand nombre de nos contemporains ? Depuis quelque temps déjà, l’homme occidental est sur une ligne de fracture morale et sociétale. L’individu se sent moins à l’aise que dans les décennies précédentes. Il subit le développement de plus en plus inégalitaire du monde, tant dans le domaine de la richesse que de celui de la démographie. Il assiste à une mondialisation mal ordonnée, à une soumission de l’ordre politique à l’ordre technocratique. Au plus près de lui-même, il subit à une remise en question de sa conception de la famille. Les croyances et les idéologies qui jusqu’alors lui donnaient les raisons d’espérer ne le séduisent plus, car elles n’ont pas réussi à le délivrer de ses angoisses existentielles sans lui avoir donné l’accès au bonheur qu’elles lui avaient promis. Et, ce ne sont là que quelques aspects de ce désenchantement qui devient le cancer moral de notre temps. Si nous pouvons observer un quasi consensus sur l’existence du phénomène – il y a une crise, cette crise crée un mal-être, les grandes idéologies du bonheur ont échoué, les nouvelles techniques accélèrent la rupture de l’homme avec la nature et sa propre nature – les remèdes envisagés sont tellement divers et contradictoires que peu de personnes s’y intéressent. Elles cherchent d’autres voies, dans les religions du livre et leurs multiples chapelles, ainsi que dans les traditions orientales et leurs techniques d’éveil et de repli sur soi-même et d’introspection. L’alchimie bien comprise et sérieusement mise en œuvre nous semble pouvoir jouer le même rôle sans être obligé de prendre la route de Katmandou ou de faire retraite et de s’isoler dans un ashram. Et, la seule ambition que nous avons en écrivant cette « Histoire et Actualité de l’Alchimie » c’est d’offrir, à ceux qui la liront, une voie de spiritualité, certes contraignante, mais non dogmatique, et de les inviter à rejoindre la communauté des sages qui œuvrent inlassablement pour atteindre l’inaccessible étoile « ORE, LEGE, LEGE, LEGE, RELEGE ET INVENIES. OCULATUS ABIS. (1) (Pries, lis, lis, lis, relis et tu connaitras. Tu t’éloignes clairvoyant (éveillé)

1 Définir l’Alchimie : Proposer une définition de l’alchimie est une entreprise semée d’embuches, tant il existe d’auteurs, alchimistes ou non, qui ont abordé le sujet. Il nous a semblé que nous devions d’abord nous intéresser au mot lui-même, puis ensuite nous intéresser à l’ identité, au sens, à la fonction, et à l’ objet du concept que ce mot désigne. Avant de développer notre propos, nous tenons à donner la parole à quatre alchimistes, choisis à des périodes différentes. Roger BACON, moine franciscain, philosophe et savant anglais du 13ème siècle, nous dit qu’il existe deux types d’alchimie qu’il définit ainsi : « l’alchimie spéculative qui traite de tout ce qui est inanimé et de toute génération à partir des Eléments et l’alchimie opérative qui enseigne à fabriquer des métaux nobles, des teintures et beaucoup d’autres choses ». Jean Segurus WEIDENFELD, alchimiste du 17ème siècle, qui n’est autrement connu que pour être l’auteur d’un ouvrage intitulé : « Quatre livres relatifs aux secrets des Adeptes », écrit dans celui-ci « Sous le ciel n’existe aucun Art qui ne proclame plus la gloire de Dieu, qui n’apporte plus de bienfaits au genre humain et qui ne recherche plus attentivement les secrets les plus profonds de la Nature, que notre vraie et plus louable Chimie ». Cette conception très personnelle de l’alchimie mérite une attention particulière et doit être un sujet de méditation. Au début du siècle suivant, Jean-Baptiste LE BRETON, médecin diplômé de la faculté de médecine de Paris, évoque, dans ses « Clefs de la philosophie spagyrique », « La véritable chymie, la Spagyrie, qui sépare la substance pure de chaque mixte de tout ce d’impur ou d’étranger ». Enfin au siècle dernier, l’alchimiste Eugène CANSELIET, qui se fit connaître en rendant publics deux ouvrages d’un certain FULCANELLI « Le Mystère des Cathédrales » et les « Demeures Philosophales « , qui sont de remarquables études sur le langage et le symbolisme de l’alchimie, et qui eut le mérite de traduire et de commenter d’anciens traités alchimiques, propose, dans l’une des préfaces qu’il a consacrées au Mystère des Cathédrales, une conception de l’alchimie empreinte d’une intense spiritualité : « Qu’est-ce que l’alchimie pour l’homme, sinon, très véritablement, issus d’un certain état d’âme qui relève de la grâce réelle et efficace, la recherche et l’éveil de la Vie secrètement assouvie sous l’épaisse enveloppe de l’être et la rude écorce des choses. Sur les deux plans universels, où siègent ensemble la matière et l’esprit, le processus est absolu, qui consiste en une permanente purification, jusqu’à la perfection ultime. » Ces quatre vues ou visions de la chose alchimique, différentes, tout à fait complémentaires même si elles peuvent paraître opposées, illustrent exactement les difficultés que tout un chacun peut avoir à fréquenter cette chose et à en suivre les enseignements. Il est nécessaire de bien connaître les fondements et le contenu de la doctrine alchimique pour parvenir à saisir l’unité de la pensée de nos quatre alchimistes. Cette voie pour bien connaître ce qu’est l’alchimie commence par la définition du mot lui-même. Le mot alchimie ou plus exactement le mot latin qui l’a précédé est la traduction du mot arabe al’kimiya, effectuée par les bénédictins de l’abbaye du Mont Cassino, qui furent les premiers, avant l’an 1000, à traduire en latin des textes de langue arabe traitant d’une science traditionnelle dénommée al’kimiya par des érudits arabes. Dès sa transmission dans les provinces de langue d’oc, le mot devint alkimia, puis dans celle de langue oïl, alchymie. Par la suite dans le Royaume de France, la doctrine ou science fut dénommée indifféremment alchymie ou chymie. Nous pouvons légitimement nous demander pourquoi ce furent les arabes qui trouvèrent et transmirent aux peuples d’Occident le nom d’alchimie. Au 7ème siècle de notre ère, une troisième religion monothéiste, l’Islam, puisant ses sources dans le judaïsme, naquit au cœur de l’Arabie. Cette nouvelle religion devait avoir, selon celui qui la prophétisait, la vocation de devenir universelle et son enseignement devait être dispensé à tous les peuples. Les arabes, après l’avoir adoptée et avoir constitué un Etat dirigé par les successeurs du prophète, partirent à la conquête du monde. Leurs premières terres de conquête et de mission furent les provinces d’Egypte qui vivaient alors dans la plus grande anarchie. Les conquérants et missionnaires surent et purent convertir une grande majorité de la population. En 642, le calife qui régnait fit incendier la Bibliothèque d’Alexandrie au sein de laquelle étaient conservés des milliers d’ouvrages, la plupart traduits en grec, constituant une véritable encyclopédie de la pensée des peuples méditerranéens de l’antiquité. Puis, les cavaliers arabes reprirent leur marche en avant jusqu’à la Perse où ils installèrent le pouvoir du Calife en 650. Lors de cette conquête des territoires du Moyen Orient et de la Perse, des érudits qui suivaient les troupes découvrirent des confréries initiatiques dont les membres suivaient les rites et les pratiques d’une science qui leur était inconnue. Introduits par des adeptes perses dans l’une de ces sociétés dont les activités s’exerçaient dans le secret le plus absolu, ils purent en recevoir l’enseignement. Mais, quand ils voulurent connaître le nom de cette science secrète, leurs hôtes leur dirent qu’ils savaient seulement qu’elle venait d’Egypte. Les érudits arabes décidèrent alors de la nommer, al’kimiya, qui signifie littéralement la terre noire, qui était le nom donné par eux à l’Egypte. Cette science secrète, telle que les savants arabes la découvrirent en Palestine et en Perse, puis telle qu’ils la pratiquèrent, et la transmirent, développait deux types d’actions, l’une purement matérielle, l’autre essentiellement spirituelle. Elle était, ce qu’elle est demeurée, une union d’un mode de transformation et de perfectionnement des substances matérielles et un mode de connaissance et d’élévation spirituelle, rétroagissant l’un sur l’autre. L’action de transformation des métaux et des végétaux est fondée sur l’idée d’en développer de multiples usages au service de l’homme. Mais les objectifs poursuivis par les alchimistes ont souvent été d’un autre ordre. Nous consacrerons le chapitre suivant à l’histoire de la voie technique de l’alchimie et aux travaux de laboratoire, ainsi que les alchimistes les nomment. L’autre pratique de la science secrète que les arabes découvrirent, en fréquentant les cercles initiatiques du Moyen Orient, s’inspirait de la philosophie héritée de Pythagore et de Platon, cette philosophie, mère du gnosticisme, qui, depuis le premier siècle avant notre ère, se propageait sous le nom d’hermétisme. La transmission de la doctrine s’effectuait oralement. Toutefois deux textes circulaient sous le manteau parmi les communautés apportant la confirmation de la filiation de cette doctrine avec le pythagorisme et l’hermétisme. Le plus ancien, Les Vers d’Or, était attribué à Pythagore et le second, La Table d’Emeraude était placé sous la paternité du dieu grec Hermès. Nous expliquerons dans le chapitre 3 pourquoi et comment l’alchimie est une forme d’expression, de transmission et d’exercice de la pensée traditionnelle dont Pythagore est le fondateur. Les adeptes, peu nombreux, qui transmirent la doctrine sécrète aux érudits arabes, qualifiant cette doctrine d’Art Royal. Cette appellation qui est demeurée pour nommer l’alchimie, conservée jalousement depuis des siècles, confirme qu’elle avait des origines anciennes et vraisemblablement égyptiennes. Sous les termes d’Arts sacrés ou de Sciences sacrées, les anciens Egyptiens désignaient un Art Sacerdotal et un Art Royal qui, l’un et l’autre ne pouvaient être pratiqués que par des personnages ayant été initiés suivant un rituel immuable. Toutes les anciennes traditions ont nommé Arts ou Sciences Sacrés, les deux appellations étant interchangeables, les voies d’accès à l ‘unité et à la diversité du monde, les voies théoriques et pratiques, matérielles ou spirituelles, susceptibles de permettre aux hommes de pénétrer et de comprendre les lois ayant présidé à la naissance du monde et ayant ordonné les multiples natures, la réalité invisible et les apparences visibles. Chez les anciens Egyptiens, l’inventeur et le premier propagateur des Arts Sacrés est un personnage mythique, revêtu d’un habit divin, le dieu Thot, représenté par une tête d’Ibis surmontée d’un disque lunaire. Incarnation de la sagesse, médiateur entre le ciel et la terre, le divin et l’humain, Thot désigna les premiers prêtres. Il leur enseigna les sciences et les arts et leur confia les secrets grâce auxquels ils auraient les capacités d’établir un pont entre la terre et le ciel et ainsi communiquer avec l’essence primitive, le divin. Il leur transmit aussi une écriture sacrée, les hiéroglyphes, qui devait leur permettre de ne pas perdre tout en les protégeant les secrets constituant les fondements de leur Art. .Les Egyptiens nommèrent cet Art, Art Sacerdotal, lequel englobait tous les sciences et arts. Les sciences les plus secrètes, telles la divination, la magie et l’astrologie, ne pouvant être transmises qu’après de longues épreuves, une distinction s’établit progressivement entre un Art Sacerdotal, Art de la relation mystique avec les réalités invisibles et les lois essentielles du Cosmos, réservé aux prêtres et un Art Royal, ainsi nommé car placé sous l’autorité des Pharaons, les rois. Cet Art Royal comprend tous les autres arts et sciences qui sont des outils de connaissance, de dévoilement et de perfectionnement tant de la nature que de l’homme. L’Art Sacerdotal et l’Art Royal sont l’un et l’autre d’essence spirituelle, et la pensée qui les anime est sacrée et secrète, mais l’Art Sacerdotal a généré des pratiques et des doctrines totalement irrationnelles qui sont des occultismes, tandis que l’Alchimie, Art Royal, même si elle demeure une science secrète, c’est-à-dire un ésotérisme, elle ne manque pas de faire appel à la raison comme outil d’investigation et d’analyse et devient exotérique lorsqu’elle réalise des opérations purement physiques. Même si certains alchimistes, encore de nos jours, prétendent qu’ils évoluent dans des sphères mystiques, là où l’individu peut atteindre l’illumination, la délivrance totale du monde d’en bas pour se fondre avec l’esprit universel, l’alchimie, Art Royal, n’est ni un illuminisme ni un occultisme, elle est un ésotérisme. D’une manière générale et usuelle, l’ésotérisme caractérise toute doctrine secrète réservée aux adeptes, ceux qui en ont reçu la connaissance par des enseignements qui ont un caractère initiatique. Le mot vient du grec ESOTER, Eso signifiant au-dedans, caché. Etymologiquement, nous pouvons rapprocher les mots, secret, sacré, sacerdoce, saint, sanctuaire qui sont la traduction des termes latins secreto, secretum, secretus et secretarium et faisant comprendre le lien entre le secret et le sacré. L’Art Royal, Art sacré et secret, exprime une séparation du dehors (exo) avec le dedans (éso), les choses apparentes des choses cachées, la surface des profondeurs, lorsqu’il s’agit de connaître le monde et de se connaître soi-même. Cependant cette séparation n’induit ni une opposition entre les deux niveaux de réalisation substantielle de l’ordre du monde, ni une négation de l’une ou l’autre manifestation de cet ordre, l’esprit et la matière. L’homme qu’il soit ou non au centre de la création, participe des deux manifestations. Il est autant matière qu’il est esprit et la question n’est pas de savoir lequel de ces «deux « réels », tout aussi irréels l’un que l’autre, est antérieur ou supérieur à l’autre, mais de concevoir et de favoriser la connaissance du monde et de l’homme, les deux mondes, celui du ciel et celui de la terre. C’est parce qu’elle suit cette voie que l’alchimie est un ésotérisme. S’ouvrir à l’alchimie, c’est penser autrement que l’homme occidental pense généralement depuis des siècles. C’est s’extraire d’une démarche strictement rationnelle, pour tenter d’accéder à un niveau supérieur de spiritualité excluant toute forme de pensée dogmatique. Cependant la raison n’est pas absente du cheminement sensible et intellectuel que l’adepte entreprend de réaliser, mais elle est invitée à se dépasser elle-même afin que la vie retrouve son véritable sens, dans l’harmonie de toutes les natures et que l’unité des deux mondes, celui du ciel et celui de la terre, soit restaurée. Les adeptes qui ont participé à la construction de la cathédrale, Notre-Dame de Paris, ont représenté dans un médaillon circulaire, sur le socle du pilier trumeau qui partage en deux parties la baie d’entrée du majestueux portail occupant le centre de la façade ouest de l’édifice, une femme assise dont la tête touche le ciel figuré par des nuages. Cette femme tient dans sa main droite deux livres, l’un est ouvert et l’autre fermé et dans sa main gauche un sceptre. La femme représentée, disent la plupart des commentateurs, est l’allégorie de Cybèle, fille du ciel, déesse de la terre et mère des dieux, personnifiant, selon la mythologie phrygienne remise à l’honneur au temps de l’Empire romain, les forces naturelle. Même si nous pouvons admettre une double lecture de cette image symbolique et y voir une représentation du royaume dont la Vierge Marie a porté et transmis la parole, ce qui semble préférable à l’évocation d’une déesse déchue, nous y voyons d’abord la plus habile et vivante définition de l’alchimie.

Partager cet article
Repost0
15 juin 2015 1 15 /06 /juin /2015 17:28

Le vieux Carnute retrouve le fil du temps.

Chronique du Vieux Carnute n° 61
Chronique du Vieux Carnute n° 61
Chronique du Vieux Carnute n° 61
Partager cet article
Repost0
16 mai 2015 6 16 /05 /mai /2015 19:03

La bibliotheque.be vend directement "Paroles de chat - le livre de Billy".

Il peut être commandé sur le site http://labibliotheque.be

Il ne faut pas oublier de vouloir le lire.

Chronique du Vieux Carnute n° 60
Chronique du Vieux Carnute n° 60
Partager cet article
Repost0
25 avril 2015 6 25 /04 /avril /2015 19:03

I - Avant d’aller plus loin dans une présentation des influences de la voie alchimique sur le symbolisme que nous vivons dans les loges pratiquant le rite écossais ancien et accepté, il paraît utile de bien définir ce qu’est l’alchimie. Le mot alchimie, al-kimiya, la Terre noire (l’égyptienne), a été donné par des savants arabes, lors de la découverte qu’ils firent, à l’époque de la grande expansion de l’islam dans les territoires du Moyen Orient et en Perse, à la science secrète que pratiquaient les adeptes de confréries initiatiques installées dans ces territoires. Les érudits, principalement perses qui les introduisirent dans leurs sociétés, savaient seulement que cette science secrète était venue d’Egypte et les savants arabes la baptisèrent ainsi, al-kimiya, l’égyptienne, mot que nous avons traduit par alchimie.

L’alchimie, telle que la découvrirent les savants arabes et telle qu’ils la pratiquèrent et la développèrent, est l’union d’une technique et d’un art qui rétroagissent l’un sur l’autre. La technique concerne les métaux et les végétaux. Les deux procédés qui la caractérisent sont la purification et la distillation.

La purification concerne les minerais et les métaux afin de les rendre purs, aussi purs que peut être l’or, le rare métal existant naturellement à l’état de pureté parfaite et de ce fait faisant référence comme idéal de pureté. Si certains alchimistes se sont investis dans une quête alliant technique et réflexion métaphysique pour opérer la transmutation des métaux vils en or, le plus grand nombre n’ont toujours eu comme objectif que de poursuivre la technique ancienne des artisans travaillant les métaux. Ceux-ci sont les maîtres du feu que toutes les anciennes civilisations n’ont pas manqué de sacraliser, leur attribuant une représentation symbolique et créant autour de leur image le mythe du premier forgeron. Ce premier forgeron mythique est dans la légende biblique Tubalcaïn, le maître du feu qui travaille et transforme les métaux et crée des formes, Tubalcaïn qui est le nom que le compagnon doit connaître pour accéder au grade de maître maçon. La tradition védique le nomme Brahmanaspati, celui qui sonde l’être et le non-être et il est dans le taoïsme le Grand Yu, héros sacré, quasi divin, qui reçut des neuf pasteurs leur métal et grava sur les chaudrons qu’il forgea les neuf emblèmes qui qualifient les neufs ciels de l’Univers, auxquels correspondent allégoriquement les neuf marches que doit franchir le maître maçon pour parvenir à la sagesse. Ce premier forgeron est dans la mythologie grecque, Héphaïstos, dieu du feu et des forges, père d’Eros, dieu de l’Amour. C’est aussi Gobban Saer, le Janus des Celtes, qui figure l’union entre technique et art, Gobban le forgeron, et Saer, le constructeur, habile dans tous les Arts, que l’on peut identifier avec la figure d’ Hiram que les francs-maçons du 18ème siècle ont établi comme étant celle de l’architecte le plus célèbre et de l’ouvrier le plus habile dans tous les ouvrages de l’Art de construire. Le feu de tous ces forgerons légendaires est un feu créateur, il éclaire et ne brûle pas. Il n’est pas dissociable de la Lumière sans laquelle rien ne serait, car elle établit les formes du monde apparent.

La distillation concerne les végétaux et d’autres objets et substances inanimés. Les savants et les médecins arabes et perses l’ont beaucoup développée, créant des remèdes, des élixirs, des alcools et des acides, fondant une pharmacopée chimique distincte de la pharmacopée galénique qui demeura d’usage courant jusqu’à l’orée du 19ème siècle.

L’autre face de l’alchimie telle que les arabes l’ont découverte puis développée est la philosophie gnostique héritée de Pythagore, Platon et de l’Ecole néo-platonicienne d’Alexandrie dont certains manuscrits, notamment la Table d’Emeraude, étaient soigneusement conservés dans ces communautés d’Orient qui continuaient, par ailleurs, à pratiquer certains rites initiatiques des anciennes sociétés grecques et égyptiennes. Ce sont ces textes qui, traduits et enrichis par les érudits arabes, tel Djâbir que nous nommons Geber, dont nous ignorons s’il fut une seule personne ou un collectif, ont établi le corps de la pensée alchimique, laquelle n’et en fait qu’une forme de la pensée gnostique que l’on nomme couramment l’hermétisme dont Pythagore peut être considéré comme le fondateur. Depuis le 8ème siècle, tous les alchimistes considèrent Hermès, que les grecs ont apparentés au divin Thot des Egyptiens et que les latins nomment Mercure, comme le référent symbolique et fabuleux de leur Art, l’Art royal par excellence, et la philosophie initiatique gnostique ou hermétisme comme la source unique de leur inspiration et de leurs travaux d’élévation spirituelle.

Le gnosticisme, au fil du temps, s’est manifesté sous divers régimes de pensée et l’hermétisme aussi bien que l’alchimie qui a pris naissance sur celui-ci, n’en constituent que des expressions dont les corps de doctrine ont eux-mêmes évolués au cours des siècles. Il reste cependant que les idées qui émergèrent, sous l’égide de Pythagore, du mariage des mythes égyptiens et grecs, donnant sens à une quête initiatique fondée sur les principes d’une tradition universelle, unissant toutes les cultures passées, présentes et futures, sont demeurées la base de la transmission spirituelle de toutes les écoles ou cercles gnostiques. Ces principes qui fécondent les voies hermétiques et alchimiques proclament que le Monde est un Ordre, qu’il existe une unité de l’Univers, que cette unité découle d’une unité primordiale, l’Un qui est amour et harmonie. Ils établissent aussi que le microcosme est constitué comme le macrocosme, ce qui est en bas est comme ce qui est en haut, et que le travail de l’initié (l’adepte) est de séparer le pur de l’impur, d’aller vers la perfection et ce travail est le même s’agissant les 3 règnes de l’ordre extérieur ou matériel, minéral, végétal et animal que du règne de l’ordre intérieur, celui de l’esprit qui anime l’homme. Comme Platon l’exprime dans son Timée et son Parménide : « L’Univers est vivant, il est unique, il est indissoluble. Il est constitué de 4 éléments : terre, eau, air et feu. » Il paraît difficile de ne pas voir que ces principes gnostiques éclairent la voie initiatique qui est proposé au maître maçon pour se perfectionner et devenir un chevalier de l’esprit, un sage.

L’introduction de la pensée gnostique en Europe occidentale s’est effectuée en plusieurs étapes et par plusieurs voies. Dès le 8ème siècle les bénédictins ont traduit des textes de Platon et d’Aristote, puis des traités émanant de l’école de Geber, tels Les Livres des Balances et La Somme de Perfection qui présentent la singularité d’aborder dans un discours unique l’alchimie sous ses deux aspects , la technique de transformation des métaux et des minerais ainsi que celle des distillations, et celui de l’enseignement d’une philosophie initiatique. Certains d’entre eux s’impliquèrent ensuite dans cette double démarche exotérique et ésotérique et de nombreux auteurs de textes alchimiques écrits jusqu’au 18ème siècle appartenaient à l’Ordre de Saint-Benoît. Parmi le grand nombre de moines alchimistes, Ramon Lulle, auteur du Traité de la Quintessence des secrets de la nature et Basile Valentin qui écrivit Le Char triomphal de l’antimoine, sont les plus connus. Une autre voie d’introduction de l’alchimie en Occident chrétien fut celle de la conquête par les arabes du Maghreb et d’une partie de la péninsule ibérique. Les savants et les médecins qui accompagnèrent cette conquête développèrent l’art d’Hermès dans des écoles et des sociétés qui eurent une influence jusqu’en France et en Allemagne par le biais du grand pèlerinage de Compostelle, la cité de l’étoile rayonnante qui brille à l’orient de nos temples. Il n’est que de se rendre à la bibliothèque de Fès, grande cité symbolique, pour comprendre l’importance de la connaissance que diffusèrent les alchimistes venus d’orient. Une troisième voie de la venue de l’Art Royal en France est liée au grand mouvement des Croisades. Dès la première Croisade, les moines bénédictins qui accompagnaient les Croisés et qui encadraient les gens de métiers, organisèrent la fraternité de Saint Blaise, une société dans laquelle ceux-ci furent initiés aux Arts libéraux, notamment à la géométrie. Enfin, la réouverture des échanges commerciaux et culturels entre l’Empire latin d’Orient et les royaumes d’Occident permirent de découvrir de nombreux textes hermétiques conservées dans les cercles savants de Byzance, notamment les Livres d’Hermès, œuvre des écoles néo-platoniciennes d’Alexandrie écrite au 1er siècle avant notre ère. Ces livres alimentèrent au 15ème siècle les travaux de l’Académie néo-platonicienne de Florence, dont les membres les plus éminents Marsile Ficin et Jean Pic de la Mirandole vont être la source de l’inspiration de toux ceux qui voulurent s’affranchir de l’enseignement scholastique et vont marquer leur époque, tels Rabelais, Paracelse et Newton.

II – Il est très généralement proclamé dans les obédiences maçonniques que nous sommes les héritiers des sociétés de francs-maçons du Moyen Âge, les constructeurs des cathédrales, dont nous avons conservé et enrichi les connaissances symboliques. Cette affirmation est née en Angleterre, lors de l’apparition publique à Londres de loges maçonniques sans liens avec les métiers de constructeurs et la publication d’une histoire de la franc-maçonnerie, placée en tête des Constitutions et Règles pour la nouvelle maçonnerie. Pour donner plus d’éclat à cette maçonnerie dite spéculative, certains lui attribuèrent aussi une filiation templière et aujourd’hui encore, des francs-maçons considèrent qu’ils ont reçu une part d’héritage de la chevalerie du Moyen Âge.

Certes, le passage du symbolisme qui anime les rites maçonniques s’est effectué par l’intermédiaire des loges de constructeurs. Mais, il paraît nécessaire de bien analyser comment ce symbolisme a pu naître et se développer dans ces loges. Il convient, en premier, de poser son attention sur le terme « franc-maçon » que nous avons adopté pour désigner les membres des loges opératives puis ceux de nos loges modernes que nous qualifions de spéculatives. Dans le Royaume de France et dans les cités du continent européen, les membres des loges qui se constituaient autour des grandes entreprises de construction étaient des compagnons de métiers dirigés par un Maître d’œuvre, le Maître de la Loge, c’étaient des maçons libres, ainsi qu’il est rapporté dans le Livre des Métiers que le Prévôt de Paris, Etienne Boileau rédigea à la demande de Saint-Louis. Qu’est-ce qu’un maçon libre, un free-mason sur les chantiers anglais ? La seule réponse qu’il semble possible de donner à cette question est que c’est parce qu’ils ont reçu l’enseignement des Arts libéraux que ces compagnons sont devenus libres. En effet, dans les sociétés traditionnelles, il est fait une distinction entre les arts mécaniques, les techniques ou les métiers, dont ceux de la construction, qui sont assurés par des hommes serviles et les arts libéraux, ainsi qualifiés car leur enseignement est réservé aux jeunes gens de bonne naissance, aux hommes libres. Dès la Première Croisade, les maîtres d’œuvre qui accompagnaient les chevaliers croisés et étaient à leur service, et dont certains étaient des moines bénédictins ayant déjà une connaissance des œuvres de Platon et de l’hermétisme ainsi qu’une pratique des opérations alchimiques, fréquentèrent les membres des sociétés au sein desquelles un enseignement du corps philosophique de l’alchimie était donné à des gens des métiers. On peut penser que ce fut là l’origine des Fraternités de Saint-Blaise qui s’installèrent ensuite en Occident et firent office d’école de symbolisme dans les loges des constructeurs.

Il existe peu de documents donnant des informations sur les anciennes loges. Les seuls manuscrits qui ont été retrouvés et que nous connaissons, notamment le Régius et le Cook qui datent de la fin du 14ème siècle ou du début du 15ème narrent une histoire légendaire de la maçonnerie que l’on peut qualifier à la fois de fantastique et de fantaisiste. Toutefois, cette histoire, haute en couleurs, qui a été reprise dans la présentation des Règlements, Usages de la très respectable confrérie des maçons acceptés qui constitue l’Introduction du Livre des Constitutions d’Anderson parue officiellement en 1723, ne manque pas de présenter un intérêt. Dans les fables racontées, nous pouvons trouver, si on a le bon œil, des indications légitimant la thèse de l’influence gnostique dans l’enseignement des arts et des sciences effectué dans les loges des constructeurs. Largement inspirée de livres écrits par des bénédictins, notamment Bède le Vénérable et Ranulf Higden, auteur du Polychronicon, ouvrage cité dans le Régius et dans le Cook, cette histoire établit une chronologie de la maçonnerie réunissant les mythes égyptiens, hébraïques et grecs, dont le moins que l’on puisse dire est qu’elle est empreinte d’une volonté d’établir l’unité d’une tradition spirituelle. C’est ainsi que les auteurs du Cook désignent Euclide comme ayant été l’élève d’Abraham : « Après cela, Abraham, avec Sarah, sa femme, s’en vint en Egypte et il y enseigna les sept sciences aux Egyptiens. Et, il eut là, en Egypte, un élève excellent, qui se révéla la gloire de ce temps-là, du nom d’Euclide ». Nous retiendrons de cette phrase la référence aux sept sciences, les sept arts libéraux, dont nous savons qu’elles étaient enseignées dans les communautés ou écoles pythagoriciennes plus d’un siècle avant la naissance d’Euclide. Les anciens manuscrits attribuent à Euclide un rôle qui ne correspond pas à son image historique et le place hors du temps. Le Régius débute par ces mots « Ici commencent les statuts de l’art de la géométrie selon Euclide » et désigne ensuite Euclide comme ayant introduit cet art en Egypte, ce qui n’est pas crédible, les Egyptiens connaissaient des éléments de géométrie au temps des premières grandes pyramides et avant Euclide, le grec Thalès posa quelques principes de géométrie. Toutefois, ce qui nous paraît essentiel dans cette phrase, c’est le lien affirmé par les auteurs du Régius entre l’un des arts libéraux et la maçonnerie. Outre la référence qu’ils font au sept arts et à l’enseignement de la géométrie aux enfants des seigneurs d’Egypte afin que ceux-ci puissent « œuvrer à toutes sortes d’excellents ouvrages de pierre, temples, église, cloîtres, cités, châteaux, pyramides, tours et toutes sortes de bâtiments de pierre », les auteurs du Cook nous révèlent qu’Euclide nomma compagnons les ouvriers ainsi formés, leur interdisant toute autre appellation, puis les invita à « se comporter comme des hommes de l’art et non des rustres incultes » et enfin qu’il les organisa en un ordre. Si nous quittons le temps fictif des Old Charges pour revenir dans le temps réel, cet ordre attribué à Euclide n’est autre que les Fraternités de Saint-Blaise constituées vers l’an mil. Tels sont les fondements que les anciens manuscrits qui en rapportent les règles, donnent à la maçonnerie des constructeurs, celle des maçons libres. Si nous voulons élever notre pensée au-dessus des légendes et mythes, nous pouvons trouver dans ces trop rares textes qui nous sont connus l’indication des sources gnostiques ou alchimiques du symbolisme maçonnique.

Parmi les propagateurs du symbolisme d’essence gnostique qui s’est développée chez les Maîtres d’œuvre et leurs compagnons puis ensuite dans les loges des maçons acceptés, nous ne devons pas omettre de citer les Frères de la Rose-Croix, non pas seulement ceux de la Fama Fraternatatis Rosae-Crucis, qui se sont manifestés au sein de la société civile au 17ème siècle, mais les véritables Rose-Croix, philosophes inconnus, maîtres alchimistes invisibles, détenteurs des secrets des arts et sciences traditionnels qu’ils enseignaient dans les loges des compagnons constructeurs et qu’ils n’avaient aucune raison de ne pas conserver quand les gens de métiers disparurent des loges et que celles-ci devinrent, selon l’expression d’Anderson, le centre de l’union où se retrouvaient des représentants des élites politiques, sociales et culturelles de la société. Ces Frères de la Rose-Croix, maîtres de l’alchimie, constituaient, selon Paul Naudon, une communauté informelle qu’il nomme la communauté des Mages, sans apporter aucune précision, dans son ouvrage « Les origines religieuses et corporatives de la franc-maçonnerie » Fulcannelli, qui a moins de retenue, évoque dans ses « Demeures philosophales » la figure de Louis d’Estissac qui était, nous dit-il, l’un des adeptes les mieux instruits des arcanes hermétiques et qui portait, ajoute-t-il, le titre élevé de Rose-Croix, marque d’initiation supérieure. Rabelais fut quelque temps à son service et acquit auprès de lui un enseignement qui lui permit par la suite de devenir lui-même un Frère de la Rose-Croix. Le rapport entre les Rose-Croix et les Maçons est clairement exprimé dans un poème composé en 1638 par Henry Adamson de Perth :

Et mon bon génie le sait bien ce dont nous faisons présage n’est pas vain Car nous sommes les Frères de la Rose- Croix. Nous avons le mot de Maçon et la double vue.

Nous devons ajouter que ce poème narre l’effondrement d’un pont sur la Tay, dont le déroulement est pour le moins surprenant : 9 ans après l’éboulement de 3 arches qui sont reconstruites, 5 sont alors détruites. Il faut bien avoir la double vue pour comprendre les textes alchimiques et bien sur les symboles des grades maçonniques. Cette double vue à laquelle Adamson fait allusion évoque la nécessité qu’eurent toujours les Frères de la Rose-Croix, les Alchimistes les Maîtres d’œuvre et les Compagnons des métiers d’art et de construction de donner un double sens à leurs œuvres, un sens apparent, exotérique, et un sens caché, ésotérique, qui exprime les arcanes de la quête initiatique et que seuls peuvent saisir ceux pourvus de la double vue, à savoir les initiés.

III – Le rite écossais ancien et accepté, ainsi que les autres rites maçonniques, ont aussi, à notre sens, fait l’objet d’une double écriture ouvrant la voie à une double lecture. Sous l’inspiration des légendes tirées des livres des lois hébraïque et chrétienne, l’ancienne et la nouvelle loi, ainsi que cela est écrit dans des rituels et instructions de degrés maçonniques, une voie d’élévation morale est offerte aux maîtres maçons afin qu’il puissent devenir des chevaliers de l’esprit, des hommes sages dont les actions sont entièrement guidées par les trois vertus théologales, la foi, l’espérance et la charité ainsi que par les quatre vertus cardinales, le courage, la justice, la prudence et la tolérance. Mais le rite développe aussi un symbolisme inspiré par la graduation de la quête alchimique conduisant l’adepte de l’état d’homme ordinaire à celui d’homme transcendant. Ces deux voies ne s’excluent nullement. Elles agissent conjointement dans le processus d’initiation, car elles sont l’une et l’autre des chemins d’élévation spirituelle, l’une morale et l’autre initiatique, et il appartient à chaque maître maçon de trouver en chacune une part de sa propre nourriture spirituelle, en toute liberté de conscience.

Dans le premier cycle du Grand Œuvre alchimique, l’élévation spirituelle, comme le travail de laboratoire, comporte trois grandes étapes, l’Œuvre au noir, l’Œuvre au blanc et l’Œuvre au rouge. Les degrés du rite écossais ancien et accepté se développent en concordance avec cette graduation à partir du 3ème degré, le grade de maître.

Avant de devenir un initié, l’homme ordinaire, le profane, doit sortir des ténèbres et recevoir la lumière de la franc-maçonnerie. Il reçoit cette lumière au premier degré du rite, dans une cérémonie qui met en scène les quatre éléments, terre, air, eau et feu, qui sont les principes actifs sans lesquels, selon les gnostiques, l’univers n’existerait ni comme unité ni comme diversité. Au commencement, l’Univers était chaos ; au commencement aussi la terre était chaos. Le chaos, c’est la materia prima, la matière des ténèbres, au sein de laquelle les quatre éléments ou principes sont mélangés, unis et forment une lumière, la Lumière primaire, celle qui symbolise l’Esprit souverain et créateur. Le chaos se nomme aussi la pierre, la première pierre qui est une pierre brute, selon le médecin alchimiste Pierre-Jean Fabre (17ème siècles). Le profane qui frappe à la porte du temple maçonnique et qui va être admis apprenti est aussi une pierre brute. Le profane est lui-même chaos, et la première épreuve qu’il doit subir lors de son admission est celle de la terre. La terre, selon les maîtres alchimistes, est la mère de tous les éléments. C’est la materia prima à l’intérieur de laquelle est la lumière de laquelle va naître l’Univers. La materia prima des alchimistes correspond aux ténèbres dont émerge la lumière dans le corpus symbolique du rite écossais.

Dans le cabinet de réflexion, qui n’est autre que la terre-chaos, le futur apprenti maçon est mis en présence d’outils symboliques qui doivent éclairer sa conscience et son intelligence, qu’il ne saura comprendre dans l’instant mais qu’il retrouvera sur son futur chemin initiatique et qui seront alors les agents de son élévation spirituelle. Ces outils qu’il ne sait ni lire ni épeler appartiennent au symbolisme alchimique : le sablier et la faux qui annoncent l’œuvre au noir, le coq qui annonce l’œuvre au blanc et l’énigme V.I.T.R.I.O.L. qui annonce l’œuvre au rouge. Puis au cours de la cérémonie d’admission , enfin en partie libéré de son chaos, le postulant est soumis à l’épreuve de l’air qui figure un autre aspect de son chaos, un chaos organisé, puis aux épreuves de l’eau et du feu qui libèrent l’étincelle ou lumière primaire brillant en lui et le font, ainsi que nos rituels le proclament, accéder à la lumière.

Que celui « qui a des oreilles pour entendre qu’il entende » nous enseigne Thomas, le disciple gnostique du Christ. L’admission au grade d’apprenti ne nous confère aucune initiation, elle nous construit dans le but de nous faire devenir un initié.

Et notre initiation véritable va commencer au 3ème degré et comporter plusieurs étapes. La première étape est celle qui se développe dans les Ateliers de Perfection jusqu’au 11ème degré. Cette étape correspond au temps de l’œuvre au noir des alchimistes qui a pour but de faire murir le métal, de le perfectionner c'est-à-dire de le purifier, d’en exalter la pureté qui est en lui. Le franc-maçon est une pierre brute qu’il doit tailler c’est-à-dire perfectionner, purifier. Reprenons la légende d’Hiram : le maître est mort au 3ème degré, il est pleuré au 4ème degré, il est enseveli au 5ème, vengé aux 9ème et 10ème degrés. La mort de soi est au cœur de la légende, la renaissance ou plus exactement la naissance à l’Esprit n’est pas réalisée. Elle est en devenir. Les alchimistes placent la mort, symbolisée par la couleur noire, au seuil du Grand Œuvre, mais affirment aussi que la vie naît de la mort comme la lumière nait des ténèbres. Cette thématique alchimique est celle de notre rite jusqu’au 11ème degré. Dans le symbolisme de ce degré la dualité de l’homme, terre et ciel, est exaltée. Le nombre 12 exprime cette dualité dans l’unité. 12 est le nombre du grade, la loge est constituée de 12 élus, et la batterie du grade est de 12 coups égaux.

Le deuxième temps de perfectionnement qui commence au 12ème degré correspond à l’œuvre au blanc qui est celui de la deuxième purification ou sublimation. Il s’agit de sublimer la matière ou l’esprit, c’est-à-dire de les rendre encore plus purs, plus précieux, plus subtils, de les blanchir. Au 12ème degré le Président de l’Atelier est sublime grand maître. Il est désigné ce faisant comme maître alchimiste, celui qui conduit l’œuvre de sublimation. Les membres de l’Atelier, qui représentent le métal ou la pierre soumis à l’œuvre de sublimation, ont l’âge de la plénitude, celui de l’homme véritable, Emerek, l’homme vrai, selon le rituel du degré précédent. Le tablier du Grand Maître Architecte est blanc bordé de bleu, ce qui figure que le temps de l’œuvre au noir est terminé, (le bleu est la couleur du ciel). Les degrés suivants développent le travail de sublimation, lequel est tout aussi difficile que celui de l’œuvre au noir. Au 14ème degré, le Maître maçon est invité à chercher l’ultime perfection et il reçoit le titre de grand élu parfait et sublime maçon, parfait certes mais en devenir mais toujours sublime, homme véritable. Au 17ème degré, le temps de l’œuvre au rouge est annoncé. A ce degré, la devise « Ordo ab chao » qui apparaît dans le temple suggère que le chaos est devenu ordre et que désormais la lumière va recouvrir les ténèbres, que l’Esprit va dominer la matière. A l’orient, l’arc en ciel qui se déploie entre le soleil et la lune, symbolise l’épanouissement de l’œuvre au blanc, car la couleur blanche contient toutes les couleurs et l’arc-en-ciel manifeste ainsi l’achèvement du travail de sublimation. L’arc-en-ciel marque aussi dans ce degré le passage des ténèbres déjà éclairés de l’œuvre au blanc, représentés par la lune, à la pleine lumière symbolisé par le soleil et annonce le début de l’œuvre au rouge.

L’œuvre au rouge commence au 18ème degré et se poursuit dans les degrés suivants. Selon les maîtres alchimistes, les vrais Rose-Croix, les opérations qu’elle comporte sont la fixation, l’exaltation, la projection et la réunion. L’homme véritable accède dans ce temps initiatique à la perfection et à la sagesse, il devient l’homme transcendant, chevalier de l’esprit, lequel est représenté par le Pélican. L’œuvre au rouge met en action l’union de la reine (l’argent, la lune) avec le roi (l’or, le soleil), l’union du mercure et du soufre, afin de réaliser les Noces chimiques, la Rose sur la Croix et procréer le Rebis, symbole de l’unité primordiale, qui est harmonie et amour. L’objet final de la chimie nous dit le Chevalier inconnu est l’amour.

Tout le symbolisme du 18ème degré du rite écossais est imprégné de la pensée alchimique, le président de l’Atelier est très sage, les membres sont des chevaliers de l’esprit, le Pélican figure à l’orient du Temple, la pierre cubique s’est changée en Rose Mystique et le temple est un lieu au sein duquel règnent la Paix, la sagesse et l’Amour.

« J’ai vu et j’ai souffert » mais chevalier Rose-croix, il me faut encore travailler et souffrir dans le silence et le secret, dans mon désert intérieur, pour connaître, être et ne pas paraître.

Je recommande, à ceux qui veulent en connaître davantage sur les correspondances entre le symbolisme alchimique et celui du 18ème degré de notre rite, la lecture de mon ouvrage « L’œuvre au rouge dans le symbolisme de la tradition maçonnique ».

Février-avril 2015

Partager cet article
Repost0