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15 décembre 2014 1 15 /12 /décembre /2014 17:38

Nous voici bientôt à la fin de l'année 2014. Ce fut une année décevante avec des saisons sans authenticité, un mois d'août ressemblant à un mois de novembre et un mois d'octobre à un mois de juillet. La Constitution de la France proclame que le Peuple est souverain. Il l'est moins que jamais. Le Président de la République s'est fait élire avec un programme dont il a abandonné l'essentiel. Le nombre des chômeurs augmente chaque mois, les sans-logis, les sans papiers, les quémandeurs de rues, les assistés sont de plus en plus nombreux. L'insécurité ne cesse de progresser. Une réforme régionale, sans suppression des départements et sans consultation du peuple souverain, va être votée par des godillots. La France est mal et les élus continuent à jouer au jeu de l'oie.

Cette situation morose ne doit pas nous faire perdre l'espérance en l'avenir et vivons le passage vers la nouvelle année dans la joie. Demain n'est jamais comme hier et fait oublier aujourd'hui.

Le Vieux Carnute souhaite d'heureuses fêtes de Noël et de Gui l'An Neuf à tous ses lecteurs.

N' oublions pas d'associer la bûche et le gui des Carnutes au sapin et à la crêche. Ce sont les traditions qui nous viennent de nos plus lointains aieux.

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30 novembre 2014 7 30 /11 /novembre /2014 11:06

Aujoud'hui plus qu'avant, les personnalités politiques confondent progrès et agitation. Changer, cela fait moderne, cela fait jeune et il faut faire jeune. L'informatique est une belle invention, mais elle peut être la meilleure et la pire des choses. Nous devons nous en servir mais nous devons aussi être les maîtres de son utilisation et nous devons être certain que son service soit sécurisé à 100%. Le vote électronique mis en oeuvre par l'UMP a montré les limites de la sécurité assurée, même si le résultat du scrutin est incontestable. Revenons aux bonnes pratiques des élections par bulletins et urnes.

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26 novembre 2014 3 26 /11 /novembre /2014 09:01

Le vieux carnute ne peut accepter la nouvelle carte des Régions telle que les députés ont décidé de l'établir. Parmi les 13 régions qui vont se substituer aux 22 qui existent actuellement, plusieurs bafouent les traditions historiques et culturelles de nombreux citoyens et n'établissent pas pour autant des ensembles économiques équilibrés : c'est le cas de la Bretagne, du Val de Loire, de l'ensemble Alsace-Lorraine-Champagne, du Nord-Picardie. Il est regrettable que la définition de chaque région n'est pas été soumise à un référendum. Le vote des électeurs concernés auraient assuré une organisation pérenne. C'est cela la véritable démocratie.

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29 octobre 2014 3 29 /10 /octobre /2014 10:21

Le vieux carnute s'intéresse à la réforme de la carte des régions que le gouvernement a mis en chantier. Il ne comprend pas que nos départements dits du Centre, ce qui ne signifie rien, ne se retrouve pas dans une région baptisée Val de Loire et englobant avec eux le Maine et Loire, la Mayenne et la Sarthe, qui sont d'Anjou et du Maine en concordance historique avec l'Orléanais et la Touraine. Enfin, le vieux carnute est en accord avec ses frères bretons qui demandent le retour de Nantes à la Bretagne.

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15 octobre 2014 3 15 /10 /octobre /2014 08:45

Guy PIAU

PAROLES DE CHAT

LE LIVRE DE BILLY

I

Je me présente.

Je m’appelle Billy.

J’aurai l’occasion de donner l’explication du choix de ce nom.

Je suis né de père inconnu.

Et, de mère connue. Moi-même, je ne connais pas ma mère et je n’ai aucun souvenir de la chatte qui m’a donné la vie, même si elle eut la présence de me soustraire à une mort programmée dans les jours qui suivirent ma naissance.

Je suis le seul rescapé de la portée.

Il faut dire que je suis né dans quelque réduit de l’hôpital Bichat à Paris – un nom prédestiné pour nous les chats – et que le service d’entretien de cet hôpital, en ce temps-là, ne laissait peu d’espérance à nous les chats de vivre. Dès qu’une nichée nouvelle apparaissait dans les locaux des sous-sols de cet établissement, c’était la chasse aux chats et le sauve qui peut.

Peu de jeunes nés ne pouvaient s’échapper et si je fus sauvé des sacs poubelles et des flammes des chaudières, je le dois à ma mère chat, celle que je ne connais pas, qui me dissimula dans un faux plafond avant que la horde destructrice ne passe.

Je tombai bientôt de cette cachette inconfortable et un charmant jeune agent hospitalier me prit sous sa blouse et m’amena à ma mère deux pattes, son chef de service, laquelle jugea prudent de m’emmener chez elle pour le week-end afin de m’éviter de mauvaises rencontres.

Je dois dire que ma mère deux pattes connaissait bien ma mère quatre pattes qui, bien que vivant librement dans les grands espaces extérieurs de l’hôpital, venait se réfugier dans les communs du service de médecine les jours de tempête et lorsqu’elle devait donner naissance à des bébés chats.

Maman deux pattes avait connu aussi sa mère, collaboré à son propre sauvetage ainsi qu’à celui de l’une de ses sœurs, devenue, elle aussi après un hébergement à la maison, la princesse du service.

J’étais promis à un sort identique, car mes parents deux pattes bien qu’adorant les chats ne voulaient plus se mettre un fil à la patte après la mort de la Minette, une maîtresse chatte qui vécut avec eux pendant au moins dix-sept ans.

Et, je devais m’attendre à rejoindre le service hospitalier ou à être adopté par quelqu’une des membres du personnel recherchant un animal de compagnie, car nous les chats avons cette vocation d’être des animaux de compagnie.

Mais voilà, je ne sais pourquoi, sans doute à cause de ma petite frimousse de chat espiègle, je tapai dans l'œil du mari de ma mère deux pattes.

Les humains vivent souvent en couple, ce qui n’est pas dans la culture des chats. Chez nous, le couple dure généralement le temps de la copulation et il est établi que nous n’avons pas en ce domaine le désir d’imiter les us et coutumes de la race des hommes.

Je fus adopté par le couple et je devins l’enfant de la famille, le petit dernier.

II

Je suis un chat européen.

Un vrai bâtard – il paraît que les bâtards sont les plus intelligents – avec une robe tigrée, noire avec des taches grises.

Mon père deux pattes dit à qui veut l’entendre – et moi je l’entends bien – que c’est à cause de ma robe tigrée que ma mère et lui ont eu le coup de foudre quand ils m’ont vu.

Je n’ai pas coûté un centime à mes parents. Il est des personnes qui achètent des chats prétendument racés, 2000 francs, voire plus. Je ne suis ni égyptien, ni angora, ni siamois, je n’ai pas de pédigrée, je suis seulement un chat européen, un descendant des chats de gouttière, de caniveau, d’hospice et de cimetière, un vrai bâtard, né de père inconnu et de mère furtive.

C’est quoi cette prétention des humains d’établir des races chez nous les bêtes et de n’en pas connaître dans l’espèce humaine. Il y a une race féline comme il existe une race humaine, un point c’est tout !

Je n’ai rien coûté. Enfin c’est vite dit. Il a fallu quand même me faire vacciner, me faire tatouer – j’ai une carte d’identité – et puis j’ai été opéré afin de me protéger des risques que comportent la recherche et la possession d’une partenaire. Je reviendrai sur ce sujet.

Pour ces opérations, ma mère deux pattes m’a emmené chez un vétérinaire.

Chaque fois, il a fallu attendre et mes parents ont payé.

C’est étonnant la quantité de personnes qui fréquentent les cabinets des vétérinaires, en nos villes, et ceux-ci sont de plus en plus nombreux.

C’est sans doute pareil dans d’autres pays, mais certainement pas au Vietnam, ni en Chine, ni aux Indes.

Les tarifs des vétérinaires sont comparables à ceux des médecins, ce qui est tout à fait normal car nous soigner n’est ni simple ni facile.

Cependant les dépenses de soins vétérinaires ne sont pas remboursées par la sécurité sociale et les gens paient sans récriminations ni murmures, alors qu’ils rouspètent et manifestent dans les rues dès qu’un gouvernement projette de mettre à leur charge une part des dépenses de soins qui les concernent personnellement.

Cela illustre bien la place qui nous est reconnue dans la société, et je m’en réjouis comme s’en réjouissent tous les animaux de compagnie.

Les gens d’ici aiment les bêtes, les protègent et moi, je suis un chat aimé, choyé.

III

Je peux témoigner que mes parents adoptifs aiment particulièrement les chats.

Un chat est propre. Bien sûr, il perd son poil et le répand sur tous les sièges et les dessus de lit.

Mais ma mère deux pattes adorent me peigner et me brosser. Quant à mon père deux pattes, il considère que dès lors qu’il n’est pas allergique aux poils de chats, peu importe que mon poil soit répandu dans le logis.

Un chat n’est pas une charge. Il peut vivre en appartement sans qu’il y ait une obligation de le sortir matin, midi et soir.

Un chat est indépendant et cependant câlin et affectueux.

Ce que je viens de dire est parole de mes parents adoptifs. Je ne fais que rapporter leurs propos.

J’ai évoqué la Minette. Ah ! La Minette c’était une chatte exceptionnelle, une vraie aristochatte, une chatte européenne évidemment, bâtarde aussi, au pelage tigré, un peu différent du mien, mais tigré quand même. Elle aussi était née dans un hôpital, mais un hôpital de campagne, enfin de la campagne du Val d’Oise, un chat aux mœurs rurales, passant ses journées à guetter et capturer les oiseaux et les musaraignes et les déposant aux pieds de sa mère adoptive.

Moi, je suis un chat de la ville. Je suis bien nourri et la nourriture que l’on me donne me suffit et me satisfait. Pourquoi donc devrais-je me fatiguer à chasser les petits animaux. Parfois j’attrape une mouche dont le bourdonnement m’agace.

Il m’est arrivé un jour alors que j’étais dans le jardin de mon père en Vendômois de rencontrer une jeune musaraigne qui s’était aventurée sur le petit carré engazonné où je me reposais. Nous nous sommes reniflé, puis nous avons joué ensemble. Oui vraiment joué ensemble. Puis, elle est repartie. Je ne l’ai jamais revue. J’ai regretté, parce que nous avions bien joué.

IV

Le premier acte que font les parents adoptifs d’un chat consiste à lui choisir un nom.

Un chat porte un nom, apprend à connaître son nom, dresse les oreilles quand son nom est prononcé et tourne son regard vers celui qui l’appelle.

Je l’ai déjà dit, je me nomme Billy.

Comme je n’ai pas de pédigrée et que je n’appartiens à aucune lignée prestigieuse et primée, mes parents eurent le choix libre pour me donner un nom.

Ils ont fait en sorte de l’exercer pleinement avec cette pointe d’humour provocatrice qui est l’un des caractères forts répandus chez les gens d’ici.

Alors, pourquoi Billy ? J’avoue que j’affectionne ce nom qui est le mien et j’aime l’entendre ; je frétille quand je l’entends ; il chante en moi.

Oui, mes parents ont choisi ce nom à consonance anglo-saxonne, bien qu’ils ne soient pas particulièrement anglophiles, simplement parce qu’au temps de ma naissance, un ministre de la culture protestait avec véhémence contre l’envahissement de notre langage courant par des termes d’origine anglo-saxonne et le développement d’une nouvelle langue, le franglais.

Foi de chat, je trouve étrange que les humains mettent tant d’acharnement à maintenir une innombrable variété de langues qui est un facteur d’incompréhension et de discorde. Les chats n’ont pas ce penchant néfaste et d’où qu’il vienne un chat que je rencontre peut me parler et me comprendre. C’est bien là une supériorité de notre espèce sur celle des hommes.

V

Mes parents deux pattes ont une remarquable connaissance des capacités sensorielles et intellectuelles des quatre pattes. Par exemple, ils savent bien que nous les chats, de même que nos ennemis héréditaires les chiens, nous ne percevons pas les couleurs. Nous voyons tout en noir et blanc.

Aussi, ne se laissent-ils pas abuser, comme beaucoup des deux pattes, surtout les dames, par la nouvelle tendance des vêtements, colifichets, ustensiles et objets au design multicolore que les magasins ‘new age’, tout nets, tout clairs, proposent à des prix sans appel pour rendre confortable notre vie d’animaux domestiques.

J’adore ce qualificatif qui nous est commun à nous les quatre pattes installés auprès des deux pattes qui se dévouent pour nous et nous servent docilement.

Cependant, aussi sensés qu’ils soient et aussi attentifs qu’ils puissent être à mes humeurs et à mes manifestations à leur égard, mes chouchous n’ont pas enregistré que je comprenais tout ce qu’ils disaient et savais interpréter leurs paroles.

Avant de vous donner quelques aspects de leurs jugements sur les êtres et les événements de notre époque tellement ambiguë, et de vous dire ce que j’ai pu apprendre en écoutant, bien sagement allongé auprès d’eux, les paupières presque closes, les discussions, débats, échanges entre eux et avec leurs amis de longue ou courte date, je souhaite vous parler des ennemis héréditaires que nous avons.

Depuis 10.000 ans et sans doute bien plus – allez savoir – chats et chiens ont été pris par l’homme à son service et sont devenus membres des familles de deux pattes, leurs plus proches collaborateurs, leurs assistants et même leurs psychothérapeutes.

Qui des uns ou des autres furent les premiers ? Nous les chats, sans doute, encore que nos ancêtres les plus reculés, ceux qui vivaient librement dans la nature, furent, à n’en pas douter, plus rebelles que les loups qui sortirent très tôt du bois pour se rapprocher des hommes et se faire nourrir.

Nous, ce furent les souris qui nous rapprochèrent, très tôt, sans doute 9 à 10.000 ans avant J.C., des deux pattes.

Les souris, notre mets préféré, les souris qui ravageaient les récoltes céréalières de Palestine et d’Egypte, les souris que nous chassions depuis les plus anciens temps alors même que les deux pattes ne savaient pas cultiver les sols et se nourrissaient de ce qu’ils cueillaient, ramassaient et chassaient.

Nous devînmes les gardiens des réserves de grain et furent honorés par les rois les plus puissants.

Notre place privilégiée, auprès des deux pattes, la reconnaissance que ceux-ci nous manifestaient, ne manquèrent pas de rendre d’autres quatre pattes, envieux à notre égard.

Les chiens, en premier, cherchèrent toutes les occasions de nous éloigner des deux pattes, de nous chercher des querelles, de nous menacer, de nous faire peur.

C’est ainsi que les chiens et nous, sommes devenus des ennemis héréditaires trouvant, eux comme nous, toutes les occasions, les bonnes et les mauvaises, de nous chamailler, de nous cracher dessus et de nous faire des mauvais tours. Cette vieille et toujours actuelle bagarre n’est pas non plus sans faire de nous des complices. Et, si s’entendre comme chien et chat est devenue une expression du langage courant des deux pattes qui exprime notre hostilité réciproque, nous ne manquons pas de la faire souvent mentir et nous savons faire ensemble un grand nombre de jeux et de mamours.

Mais les deux pattes savent mieux que nous les quatre pattes se trouver des ennemis héréditaires avec cette particularité qu’ils les choisissent dans leur propre espèce.

Nous les chats depuis que nous avons conquis la planète à partir de nos terres d’origine, nous nous sommes multipliés et diversifiés et nous sommes devenus de nombreuses familles qui ont chacune leurs particularités, leurs manières d’être et de se comporter. Cependant, si quelques relations d’agressivité, des critiques et des moqueries peuvent se manifester entre tel et tel membre de fratries différentes, notre espèce ne se trouve pas des ennemis héréditaires en elle-même.

Il n’en est pas de même chez les humains. Ainsi, les Français, la famille de mes parents et les Anglais, une famille qui leur est très proche, presque consanguine, se qualifient d’ennemis héréditaires depuis les temps médiévaux et n’ont fait que de se jalouser, de s’opposer, de se combattre et de s’entretuer jusqu’à ce qu’ils se trouvent ensemble un autre ennemi héréditaire contre lequel ils ont mené le siècle passé de rudes et sanglantes batailles. Aujourd’hui, tout ce petit monde semble s’être réconcilié et s’efforce de bâtir ensemble une nouvelle famille, laquelle s’invente des ennemis qui deviendront bientôt de nouveaux ennemis héréditaires.

Les îliens que sont les Anglais, fiers de leur splendide isolement, continuent cependant à conserver ce qui les distinguent des continentaux, leur monnaie, leurs systèmes de mesures, leurs règles de circulation et bien d’autres choses. De tout cela, je n’aurai dit mot, car ce ne sont pas des affaires de chat, s’il n’y avait pas dans ce singulier mode de comportement anglais, l’interdiction à nous les chats du continent de pénétrer, par quelque voie que ce soit, sur le territoire britannique, sans avoir été l’objet d’enquêtes que nous les chats jugeons insultantes.

VI

Ma première demeure familiale est une grande maison située dans un parc. Je vais vivre là pendant deux ans.

J’ai conservé peu de souvenirs de cette maison. Je la vois immense, avec un sous-sol et un grenier auxquels je n’ai pas accès. Je circule librement dans les pièces du rez-de-chaussée et du premier étage et je peux courir et jouer dans le parc.

J’aime monter et descendre le monumental escalier aux larges marches de pierre. Souvent, je glisse sur l’une des marches et déboule sans me faire mal jusqu’à la plus basse. Je crois que je prends plaisir à ces dégringolades et que je fais en sorte qu’elles se répètent au grand étonnement de mes parents deux pattes qui me traitent de maladroit.

J’aime aussi m’arrêter à l’une des marches de l’escalier pour pencher ma tête à travers les barreaux de la rampe et tendre l’une de mes pattes avant afin de jouer avec mon père deux pattes lorsqu’il se trouve en bas de l’escalier.

Je me perds facilement dans le parc qui est un lieu de grands dangers. Des gros oiseaux noirs, croassant, volent au-dessus de ma tête et m’effarouchent. Je les regarde candidement, n’osant ni avancer ni faire demi-tour pour rentrer dans le pavillon.

Au printemps, des canards se sont installés dans le parc, deux gros ayant une parure verte et un plus petit, entièrement gris. Mon père deux pattes m’a dit que les deux gros étaient des canards hommes et le petit gris un canard femme. J’ai trouvé cela bizarre, chez les deux pattes, comme mes parents, ce sont les femmes qui se parent des couleurs les plus folles et les hommes sont souvent en gris. Je n’ai pas bien compris ce que ces autres deux pattes manigançaient, les deux plus gros courant sans cesse après la femelle sans couleur. Mes parents deux pattes qui suivaient le manège des volatils ne manquaient pas de faire des commentaires. Couché en rond sur un fauteuil, une patte avant sur le museau, feignant de dormir mais étant toute ouïe, je ne perdais pas un seul mot de ce qu’ils disaient. J’appris ainsi que, sans que l’on sache vraiment pourquoi, il existait un plus grand nombre de mâles que de femelles chez les canards, de telle sorte que le temps des amours une compétition forte s’engageait entre les mâles pour conquérir les attentions et les faveurs des femelles. Ainsi, souvent plusieurs mâles sont aux trousses de la même femelle jusqu’à ce que celle-ci se donne à celui qu’elle a choisi. Alors, un couple se forme et les autres mâles s’en vont. C’est ce qui se passa sous mon regard attentif. Lorsque la femelle fut prête à pondre des œufs, le couple lui-même disparut. J’ai pu comprendre que le mâle laisse la femelle couver les œufs puis élever et éduquer les jeunes canetons. Nous, les chats avons le même comportement à l’égard de notre progéniture. Nous n’avons pas l’esprit de famille et laissons les mères s’occuper seules de nos rejetons. D’ailleurs la plupart d’entre nous ne connaissent pas leur père. Mais, la conquête de la femelle ne se fait pas pacifiquement chez nous et celle-ci n’a rarement le choix du père de ses enfants. Tout se règle par des combats sanglants entre les mâles qui ont des visées sur une femelle et c’est le plus fort qui devient l’unique compagnon de la chate séduite et soumise. C’est pour éviter le déchaînement sauvage que connaissent les mâles de notre espèce chaque saison des amours que nos maîtres deux pattes nous font opérer dès les premiers mois de notre vie. Ainsi que je l’ai dit, j’ai eu droit à cette opération et je ne ressens aucun élan amoureux de quelque importance envers toute chatte que je peux rencontrer. Il paraît que cela est pour mon bien. Je crois plutôt que c’est pour la tranquillité de mes parents deux pattes et bien que je ne leur tienne pas rigueur d’avoir porté atteinte à mon intégrité corporelle, je regrette bien de n’avoir pas connu les exaltations et les joies de l’acte d’amour.

VII

Dans la grande maison de mes parents je vais pendant deux ans avoir toutes mes aises et je sais avoir ma place dans chaque pièce.

Je peux aussi me promener aux alentours du pavillon dans le grand parc fermé et je profite largement de la liberté qui m’est offerte d’aller et venir dans ce parc.

Un vieux chat, quelque peu étrange, moucheté gris, bas sur les pattes et affublé d’un moignon de queue, vient presque chaque jour se promener sur le pourtour du parc. Nous avons fait connaissance et il m’a pris en sympathie. Avec lui, j’agrandis mon territoire de promenade et je découvre plein de choses.

Parfois, il ne vient pas dans mon domaine et je m’aventure seul dans des lieux inconnus pour tenter de le retrouver.

C’est lors de l’une de ces tentatives que mon manque de discernement et mon imprévoyance ont failli me faire perdre la vie.

J’avais tout juste 9 mois, le 1er avril 1995, lorsque je m’installai sous un vieux baraquement posé à la limite du parc afin de surveiller les alentours et de voir si mon compagnon venait faire sa promenade dans mon domaine.

Bien sûr, je ne connais pas les noms que nos maîtres donnent aux jours qui se succèdent. Mais, j’ai tellement entendu, par la suite, mon père adoptif répéter ce nom de 1eavril 1995, que celui-ci s’est gravé dans ma tête et qu’il se présente spontanément quand je pense à ce jour où j’ai failli perdre la vie.

Installé dans un trou sous le baraquement, je guette l’arrivée dans le parc de mon copain. Je ne vois rien venir et bientôt je m’endors.

Quand je me réveille, je suis incapable de me dresser sur mes pattes. Je saigne abondamment. J’ai été mordu par un vilain rat d’égout, un rat noir.

Je ne peux plus bouger et je sombre dans un demi- coma. Combien de temps vais-je demeurer ainsi sans boire ni manger. Je l’ai ignoré jusqu’à ce qu’un sursaut de vie me pousse à me traîner jusqu’à la porte de la cuisine du pavillon de mes parents. Ceux-ci sont alors attablés pour déjeuner.

Tout ce que je vais dire ici, c’est ma mère adoptive qui me l’a raconté.

Le soir du 1eravril quand mes parents adoptifs ne m’ont pas vu rentrer à la maison, ils ne se sont pas inquiétés. Mais le matin du 2, ils furent troublés de ne pas me trouver, miaulant, devant l’une des portes du pavillon. Ils ne purent croire que je n’étais pas là pour réclamer ma pitance, moi, qui ne manquais jamais un repas. Ils pensèrent que j’étais sorti du parc, m’en était éloigné et n’avait su retrouver mon chemin. Ils partirent donc à ma recherche, dans le parc et hors du parc, le plus loin possible, m’appelant sans relâche. Ce fut en vain. Ils durent s’arrêter de chercher et s’en aller sur leurs lieux de travail. Je n’étais toujours pas réapparu en fin de soirée. Le lendemain, ma mère, avec l’aide d’une amie, entreprit une nouvelle recherche. Armée d’une torche électrique, elle inspecta chaque recoin sous le baraquement. Ce fut peine perdue. Au bout d’une semaine, mes parents adoptifs malgré tous les efforts qu’ils avaient déployés pour me retrouver, les messages qu’ils avaient affichés, restés sans réponse, ne me voyant pas réapparaître, furent convaincus que j’avais été enlevé et qu’ils ne me reverraient plus. Ils cessèrent de me rechercher et de m’attendre.

Le dimanche 15, ils venaient de se lever et prenaient leur petit déjeuner dans la cuisine, quand ma mère crut entendre ma voix quasi expirante. Mon père lui dit qu’elle rêvait, qu’elle entendait des voix célestes. Comme, elle insistait, il se leva de sa chaise et ouvrit la porte. J’étais là, devant les marches, incapable de les franchir, épuisé, presque mort. Il me ramassa et me posa sur la table de la cuisine devant ma mère qui riait et pleurait à la fois. Je n’étais pas beau à voir, ensanglanté, ne pouvant à peine ouvrir ma bouche. Ma mère me fit boire un peu d’eau sucré, puis entreprit de nettoyer mes plaies. Une visite chez le vétérinaire s’imposait. Mais, c’était dimanche. Il fallait attendre le lendemain. Ma mère adoptive me soigna comme elle put toute la journée et me coucha dans un nid douillet, bien au chaud.

Le vétérinaire craignit le pire quand il m’eut examiné et parla de m’amputer. Ma mère demanda un délai afin que nous puissions en parler ensemble. Le vétérinaire lui conseilla de ne pas trop attendre car une mauvaise gangrène allait se développer.

Mes parents décidèrent de me présenter à un autre vétérinaire. Ma mère en connaissait un dans le Val d’Oise. Celui-là, après m’avoir tondu la zone atteinte, ne préconisa pas une amputation mais ordonna un traitement de cheval. Il est vrai qu’il soignait principalement des chevaux et que sa tondeuse était une tondeuse pour chevaux.

Je ne vous raconterai pas la période pendant laquelle mes parents me soignèrent, me faisant avaler de force des gélules que je m’obstinais à vouloir rejeter. Il fallut plusieurs semaines pour que je retrouve des forces. Je rends grâce au vétérinaire qui m’a permis de conserver mes quatre pattes et à mes parents dévoués qui ont su me soigner avec amour et persévérance.

J’ai repris le chemin du parc sans trop m’éloigner du perron. Je n’ai jamais revu le chat gris. En fait, je ne me souvenais pas de lui, et je ne me rappelai pas davantage pourquoi j’avais été si près de mourir.

VIII

Après deux mois de soins intensifs, j’avais besoin de me reconstruire. Je demeurais faible et l’air de Paris ne me convenait pas. Il me fallait une vraie convalescence.

Heureusement, mon père a projeté de passer deux semaines dans sa petite maison vendômoise pour la mettre en ordre. Il vient d’en reprendre la pleine possession après une période pendant laquelle il l’a louée.

La maison est installée dans une impasse peu fréquentée. C’est le calme absolu. Sur le devant, au nord, une petite cour dallée, fermée par une grille et cachée des regards extérieurs par des arbustes. Des petits parterres de fleurs et de verdure lui donnent un air de fête et j’y trouve rapidement mes repères.

Au sud, s’étend un petit jardin entouré de clôture. Ce jardin est planté d’arbres, de rosiers et comporte au centre un carré de gazon. C’est sur ce gazon que j’ai rencontré une musaraigne et que j’ai joué avec elle.

Pendant les deux semaines, nous avons eu un ciel ensoleillé, le début d’un bel été et j’ai pu profiter de la cour et du jardin à longueur de journée. J’adore m’installer sur les rebords des fenêtres pour surveiller ce qui se passe aux alentours. Je n’ai pas le droit d’aller dans l’impasse et mon père a bien obstrué les quelques voies que j’aurais pu franchir.

Le soir, mon père me fait rentrer et après le diner, je regarde avec lui la télévision. Il commente avec passion les informations de la journée et moi je me régale de ses exclamations. Il trouve que la France est bien mal gouvernée et que les Français acceptent trop d’être assistés. Je m’installe à ses pieds ou dans un fauteuil. Assez vite je me lasse du spectacle et je m’endors. Souvent mon père adoptif fait de même.

IX

Les deux semaines de vacances provinciales ont vite passé.

Mais je suis retourné dans le Vendômois en juillet et en août et ce n’est qu’en septembre que j’ai repris une vie parisienne ininterrompue, partageant mes journées entre la maison et le parc, sans m’aventurer trop loin.

Lors de mon retour fin juin, j’étais complètement rétabli et je perdis très vite mon état de chat adolescent.

Aussi, pendant les deux séjours que je fis ensuite dans la demeure de campagne, je pus profiter pleinement du plein air. Mon père me laissait passer la nuit dehors. Je découvris plein de bestioles inconnues et je rencontrai deux congénères qui semblaient avoir établi leurs terrains de chasse dans la propriété, un gris et un blanc panaché. Avec le gris, tout se passa bien et nous devînmes amis. Il me raconta son opération, semblable à celle que j’avais subie dès mes premières semaines de chat adopté Le blanc panaché avait une autre nature et m’agressait continuellement. Je ne savais pas me défendre et je fuyais devant lui et courais frapper aux volets pour que mes parents me permettent de me réfugier à l’intérieur de la maison. Quand ma mère était là, tout se passait parfaitement. Elle se levait pour m’ouvrir une fenêtre ou une porte et je courais sans me faire prier m’installer sur un fauteuil de la salle de séjour. Je restais là jusqu’à ce que mes parents se lèvent. C’était toujours ma mère qui apparaissait la première. En me servant le premier repas de la journée, elle me faisait la leçon : « Mon pauvre Billy, tu ne sauras jamais te défendre. Tu es trop bon. Ta mère n’a pas pu d’éduquer comme doivent l’être tous les chats. Tu ferais mieux de ne pas aller courir dehors la nuit. » Je l’écoutais d’une oreille très discrète, pensant dans ma petite cervelle de quatre pattes que malgré les risques c’était quand même formidable de vivre la nuit en liberté. Quand mon père était seul avec moi, c’était une autre histoire. Il n’entendait jamais les appels que je faisais ni les coups que je donnais au volet. Et je devais trouver un refuge dans un recoin du jardin. Mon père finit d’ailleurs par ne plus me permettre d’aller la nuit dans le jardin et il m’autorisa seulement à m’installer la nuit dans la cour. Là, je pouvais me dissimiler sous les cupressus et me reposer tranquillement tout en gardant l’œil aux aguets.

A Paris, je reprenais mes habitudes, heureux des grands espaces qui m’étaient offerts. Cependant j’évitais de m’éloigner du pavillon et je n’allais plus me mettre à l’abri sous le baraquement posé en fond de jardin.

X

Au printemps de mes deux ans, mes parents adoptifs quittèrent le pavillon dans lequel ils habitaient depuis une dizaine d’années pour aller vivre dans un appartement.

La semaine précédant le déménagement fut une semaine de grande agitation. Au début, je ne comprenais pas ce qui se préparait. Je voyais mes parents adoptifs mettre ivres et objets variés dans des cartons.

Puis un gros camion parut un matin dans le parc. Alors, je compris que nous allions quitter le pavillon. Je ne voulais pas partir de ce domaine que j’aimais, ignorant totalement ce que j’allais devenir. Alors, comme en plus le va et vient des déménageurs m'indisposait, je décidai d’aller me cacher. Ce que je fis. Je m’installai dans une haie et je m’endormis. Lorsque le camion eût été chargé. Mes parents adoptifs me cherchèrent en m’appelant. Comme ils devaient accompagner les déménageurs vers leur nouvelle demeure, ils partirent en me laissant. Ils n’étaient pas du tout satisfaits de cette situation et ils pestaient contre moi.

Heureusement, notre nouvelle demeure se trouvait peu éloignée de l’ancienne. Et, le soir, quand les déménageurs eurent déchargé leur camion mes parents adoptifs, avant même de penser à diner, revinrent dans le parc et, après m’avoir hélé, s’assirent sur un bac et attendirent. L’attente ne dura pas trop longtemps. Réveillé, je pris mon air penaud et vins vers eux. En un tour de main, sans prononcer une seule parole, mon père adoptif me saisit et me fit entre dans une espèce de boîte, celle dans laquelle je passais le temps lors des voyages en automobile. Très vite, je me suis retrouvé dans la nouvelle demeure. A peine sorti de la boite, j’ai couru me dissimuler derrière des cartons entassés dans l’une des pièces.

XI

Il m’a fallu plusieurs semaines pour trouver mes marques dans mon le appartement aux horizons limités.

Il y a bien un petit balcon. Mais ce balcon donne sur la rue qui est très bruyante. J’ai essayé de m’y installer mais j’ai vite renoncé à le faire. Je ne pouvais m’y reposer en toute tranquillité.

J’ai fini par me plaire dans l’appartement et j’y ai vécu pendant 12 ans comme un pacha.

XII

Bien sûr, j’ai connu une vie heureuse dans cet appartement. Je pouvais circuler à ma guise dans toutes les pièces et m’installer là où cela me plaisait. Je refusais seulement d’aller sur le petit balcon qui, surplombant la rue pavée, était soumis à un tintamarre incessant. Le jour, je me reposais sur le lit de mon père adoptif et la nuit j’avais droit de dormir sur le canapé de la salle de séjour. Je pris d’ailleurs vite l’habitude de signifier à mes parents qu’ils devaient me laisser le champ libre et se retirer de la pièce. Généralement, je restais sur un fauteuil à côté d’eux pendant qu’ils regardaient une émission des étranges lucarnes. Moi-même, j’aimais bien aussi voir ces images dont je ne comprenais pas bien où elles se passaient. Existaient-ils vraiment ces personnes et ces objets que je voyais là mais qui n’étaient pas auprès de nous ? Je n’en étais pas bien sûr. Enfin, cela donnait de l’animation et mes parents semblaient s’y intéresser beaucoup. Trop, je dirais, car lorsqu’une certaine heure sonnait à la petite horloge du salon, je levais ma tête vers eux et je leur faisais comprendre qu’ils devaient quitter les lieux et me laisser m’installer sur le canapé pour dormir et rêver

Mais, j’étais encore plus heureux quand nous allions passer deux ou plusieurs semaines dans la petite maison de Vendôme. A partir de l’année de mes dix ans nous y séjournions deux semaines chaque mois du printemps et pendant les deux mois d’été. J’étais libre et je pouvais circuler à ma guise, dans la maison, le jardin et dans les alentours. Une année, je fis la connaissance d’un chat noir très sympathique et nous prîmes l’habitude de nous retrouver chaque matin. Nous jouions ensemble et nous dormions côte à côte. Un après-midi je le suivis jusqu’à sa demeure qu’il me fit visiter. Ses parents ayant fermé toutes les portes de la maison, je ne pus ensuite rentrer chez mes parents. Quand, je me disposai à prendre le chemin du retour, le lendemain matin, je fus saisi d’une peur intense, car il circulait de nombreuses voitures ce matin-là. Je n’osai pas m’aventurer et je demeurai un jour de plus chez mon ami. Ses parents étaient très gentils et ils me donnèrent de l’eau et des croquettes. Le jour suivant, je me suis décidé en début d’après-midi à prendre la route. Il n’y avait pas de circulation de machines bruyantes. Je n’étais cependant pas très fier. Je me demandais bien comment j’avais pu faire le chemin inverse. Bien sûr, j’avais suivi mon ami et sa présence à mes côtés avait suffit à me mettre en confiance ou à me rendre totalement inconscient face aux dangers bien réels de cette escapade. A mon arrivée, je trouvai la maison close. Mon père qui était seul avait dû aller voir un ami. J’attendis à l’abri de la haie. Quand mon père parut, je sautai vers lui. Il m’accueillit fraîchement, me gronda et m’enferma dans une petite pièce du premier étage jusqu’au matin. J’ai bien compris qu’il avait cru qu’il ne me reverrait pas. Les mauvais coups et les accidents arrivent vite quand on part en terre inconnue. C’est un jardinier mécontent de vous trouver en train de chambouler ses dernières semailles. C’est un automobiliste qui n’a pas voulu ou n’a pas pu vous éviter. Il existe un grand nombre de tueurs de chats et nous ne savons guère nous protéger. Mon père, se sentant responsable de ma fugue, n’avait pas su que faire. D’abord, il n’avait rien dit à ma mère demeurée à Paris. Ensuite, il avait exploré à plusieurs reprises le quartier, criant mon nom. Mais, je ne pouvais lui répondre, puisque j’étais enfermé dans le sous-sol d’un pavillon.

Tout revint vite dans le bon ordre. Je jurai de ne plus m’aventurer au loin et je tins parole. Mon père saisit l’occasion de l’incident pour me dire que la fréquentation des chats noirs est source de malheur. Il me raconta que jusqu’à une période récente, les chats noirs passaient pour des suppôts du diable et des acolytes des sorciers. Aussi, les chats qui naissaient noirs étaient systématiquement supprimés. Aujourd’hui, encore, pour de nombreuses personnes, la vue d’un chat noir est un mauvais présage. .

Dans la pièce sombre où mon père m’avait enfermé, je fis un rêve. Un chat me ressemblant était entouré d’une horde de chats noirs. Le chat gris devait être jugé car il avait commis une faute. Je ne comprenais pas laquelle, mais elle devait être suffisamment grave. Les chats-juges étaient noirs comme le sont les juges des hommes. L’un d’entre eux conduisait l’instruction de l’affaire et était particulièrement dominateur et agressif. Les autres paraissaient plus patelins et semblaient se désintéresser de la conduite du procès. Ils condamnèrent cependant le fautif à demeurer enfermé dans une pièce noire durant une semaine.

Moi, je ne connus pas le même sort puisque le lendemain de ma mise en quarantaine, mon père adoptif me libéra et je pus reprendre ma vie de chat-pacha.

J’adore ma vie à Vendôme et je ne me fais pas prier pour quitter l’appartement de Paris. J’entre en courant dans le panier qui sert à me transporter. Une fois installé dans la voiture, je m’endors. J’ai très vite intégré le parcours dans mon subconscient et dès que la voiture prend un certain virage poche de l’arrivée, je fais entendre ma voix. Sitôt libéré de la chose dans laquelle j’ai vécu pendant le voyage, je reprends la possession du domaine Pour le retour, c’est une autre histoire. Bien que mon père fasse en sorte de ne pas laisser paraître que nous allons rentrer à Paris, je comprends la veille du départ ce qui va se passer. Comme, je vis dehors la nuit, le matin, je reste caché. Certaines fois, il a fallu plus d’une heure avant que mon père puisse me mettre la main dessus. Comme cela l’exaspère, il a décidé de me tenir enfermé dès le repas du soir.

XIII

J’aurais pu devenir un vieux chat

J’étais heureux, bien choyé, bien nourri.

J’avais de gentils parents, toujours prêts à satisfaire mes désirs.

Eh bien voilà ! Je n’ai pas eu cette chance.

Pour les chats, il en va de même que pour les humains, nous sommes égaux en théorie mais nous ne sommes pas égaux face au temps et face à la mort. Celle-ci vient, souvent sans prévenir. Elle est maître du jeu de la vie. Mon père adoptif dit que toutes les choses et tous les êtres sont programmés. Par qui ? Comment ? Il n’en sait pas plus que moi et il ne voit pas comment il pourrait en savoir davantage. Moi, non plus.

Sous le signe du capricorne, la quatorzième année de ma vie, un mal s’est installé dans ma bouche. J’ai commencé par avoir des difficultés pour manœuvrer mes mâchoires. Puis, le mal a prospéré et je n’arrivai plus à avaler quoi que ce soit. Nous étions hors de nos lieux habituels. Il neigeait abondamment. Mes parents m’ont conduit chez un vétérinaire qui diagnostiqua une tumeur et la jugea inopérable.

De retour à Paris, je pris possession du grand fauteuil de la grande pièce et ne le quittai que quelques instants par jour. Mes parents installèrent des coussins confortables autour de moi. Ils me donnèrent à boire et à manger avec précaution. Mes souffrances augmentèrent et devinrent intolérables. Je priai pour que la fin arrive.

Mes parents firent ce qu’ils devaient faire, sans précipitation, avec beaucoup de tristesse.

Mon père fit une dernière photo. C’était le 25 février 2009. Je n’avais pas quinze ans.

XIV

Maintenant, je repose dans le jardin que j’ai tant aimé.

Mon père dit que ce qui est en bas est comme ce qui est en haut. Tous les êtres vivants sont des enfants de la terre et du ciel, des fils des ténèbres et des fils de la lumière. Morts, nous restons des enfants de la terre et du ciel.

Dans la terre nourricière où je repose, la lumière du ciel traverse le tapis fleuri que mon père adoptif renouvelle au-dessus de mon corps et je ressens sa présence et celle de ma mère adoptive quand ils se recueillent au-dessus de mon lit d’éternité.

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13 octobre 2014 1 13 /10 /octobre /2014 17:05

Je donne ci-dessous la liste des conférences que je peux faire :

1 – La Fraternité

2 – L’Alchimie, Art Royal

3 – Voie alchimique et perfectionnement spirituel

4 – le secret maçonnique

5 – les fondations alchimiques de la Franc-maçonnerie

6 – Alchimie, science ou conscience ?

7 – Marsile Ficin

8 – l’obligation de la présence d’un volume de la loi sacrée sur l’autel des serments au R.E.A.A.

9 – l’alchimie du Grand Portail de N-D de Paris

10 – Autour des Confidences d’un Grand-Maître

11 – La lumière secrète – l’illuminisme en franc-maçonnerie

12 – Fulcanelli : l’œil d’Hermès au cœur de lieux sacrés en France

13 – Spiritualité et humanisme de la franc-maçonnerie

14 – Alchimie et médecine

Guy PIAU - octobre 2014

  • Contact : gpiau@orange.fr
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1 octobre 2014 3 01 /10 /octobre /2014 11:31

Le Gars d'chez-nous, Victor-Eugène Desbrées, dit Pénel (1854-1932), un cousin, chansonnier de la lignée des beaucerons, a écrit en 1920 cette chansonnette qui reste d'actualité dans notre société bien pensante et non libérale :

Totore s'en f...

Tout'la foule était ravie,

On d'vait fair' baisser la vie

Et déposer sans façons

Les mercantis en prison.

Au lieu d'aller à la baisse,

Les prix montèrent en vitesse.

Tout d'même on vit un beau soir

Baisser....le réservoir.

Totore, Totore,

Il en rigole encore.

Totore, Totore,

N'y croyait pas du tout.

Si le marchand majore

le prix du filet de porc,

Totore... s'en fout.

La morale de cette histoire

Est qu'il ne faut jamais croire

Les bobards des candidats

Puisqu'eux-mêmes n'y croient pas.


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23 septembre 2014 2 23 /09 /septembre /2014 17:32

Recueil de poèmes avec des illustrations originales de C. Mancini.

Où sommes nous ?

J'ai tracé des mots sur une page

j'ai tourné la page

il me restait des mots

Comment aurai-je pu savoir

que ces mots là ne signifiaient rien

et que la page blanche

contenait tous les mots ......

Recueil à commander à l'auteur - 12 euros avec les frais d'exposition

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18 septembre 2014 4 18 /09 /septembre /2014 17:34

Le vieux carnute vient de retrouver Paris, après avoir passé 15 semaines dans le Pays carnute. Paris, c'est toujours la même sorte de vie, pas belle : des rues et des trottoirs sales, des vélos qui circulent dans tous les sens, des gens qui vous bousculent. Enfin, ce n'est plus le Paris de mon enfance. C'est un Paris déshumanisé.​

L'été, cette année, a commencé, dans le Pays carnute, le 20 août. Avant, au fil des jours, ce fut Jean qui rit et Jean qui pleurt.

Il y a eu ce livre qui a tant mis les journalistes en émoi. L'auteur dit qu'elle a trop souffert du mensonge, pour n'avoir pas voulu travestir la vérité. Chacun de nous a sa vérité. Le reste n'est que parole creuse. Le Maréchal Pétain, inspiré par Emmanuel Berl, a cru bon de dire "Je hais le mensonge qui nous a fait tant de mal". Ainsi, dire la vérité ne peut faire que du bien. Nous pouvons nous demander à qui, à Valérie ou à François, la vérité de Valérie a-t-elle fait du bien ?Quant à Pétain, le Vieux carnute a pu voir où sa vérité nous emportait.

Prenez tous bien soin de vous. Le premier ami que nous avons, c'est soi-même.

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5 août 2014 2 05 /08 /août /2014 17:37

L'été de cette année est bien irrégulier. Le temps de juillet a été maussade et celui d'août joue avec nous. La saison est placée sous le signe de l'orage. Il convient toutefois de bien vivre le présent., car seul le présent nous donne le sens du bien vivre. Nous devons dépasser le passé,. Le passé dépassé est un passé réussi. Le futur c'est demain et demain est un présent à venir. Attendons qu'il vienne pour penser que le futur est le temps qui nous reste à vivre avant de passer la porte des étoiles et ce temps , moins nous y pensons, plus nous apprécions le jour heureux qui est celui du présent.

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